Terminator, Robocop ou encore Chappie nous ont prévenu, et pourtant. Les Émirats arabes unis ont révélé, en mars dernier, une nouvelle arrivée au sein de forces de l’ordre de la ville de Dubai : leur premier robot policier fait ses débuts en cette semaine de mai.
Abdullah Bin Sultan, directeur du Future Shaping Center de la police de Dubaï, a annoncé l’arrivée du tout premier robot policier, ajoutant même une deadline claire : « En 2030, nous voulons que les robots représentent 25 % de nos effectifs de police ». Le projet ne s’arrête pas là puisqu’il prévoit, avec la même date butoir, 50 % de bâtiments de police en auto-production d’énergie ainsi que la construction d’une base de données génétique.
Écran tactile et paiement d’amendes
En 2016, à la Gulf Information Technology Exhibition (GITEX), un prototype de ce fameux robot avait été dévoilé. Basé sur un humanoïde REEM développé par les Espagnols de PAL Robotics et armé de l’intelligence artificielle Watson d’IBM, il avait ainsi montré ses capacités en faisant des tours du salon pour saluer les visiteurs.
Équipé d’un écran tactile pour permettre aux habitants de signaler un crime en cours ou de payer ses amendes, ce modèle ne devrait pas pouvoir pourchasser ou arrêter des suspects — même si Dubaï développe déjà de nouveaux modèles en ce moment. Il pourra par contre scanner les visages et anticiper l’arrivée de quelqu’un à près de 30 mètres de distance.
Ces unités devraient également échanger à haute voix avec les habitants, tandis que les hommes encore en poste à la police de Dubaï pourront avoir un accès en live à ses caméras de reconnaissance, ainsi qu’un système de contrôle à distance, en cas de problème.
Comment sanctionner un robot fautif ?
L’arrivée de robots policiers pose beaucoup de questions, auxquelles même les plus grands auteurs de SF n’ont pas de réponse, mais ce projet des Émirats arabes unis devrait également comprendre l’utilisation de plus en plus systématique de l’IA et de « mécanismes de police intelligente ».
Tout droit sorti d’une œuvre d’Asimov, ce projet de déploiement robotique laisse Alan Winfield, professeur d’éthique robotique à l’Université de l’Ouest de l’Angleterre, sceptique quant à l’évolution du programme : « Si vous demandez à un robot d’appréhender les criminels, comment pouvez-vous être sûr que le robot ne va pas nuire aux gens ? Bien sûr, lorsque les humains font des erreurs, ils sont tenus responsables. […] Le problème, c’est que vous ne pouvez pas rendre une machine responsable de ses erreurs… Comment la punir ? Comment le sanctionnez-vous ? C’est impossible. »
Un problème de responsabilité qui amène à une autre question sur le rapport entre armes et robots, d’autant plus que la Russie a réussi à faire tirer une intelligence artificielle. Dmitry Rogozin, vice-président du gouvernement russe, y voit personnellement une bonne nouvelle : « La robotique de combat est la clé pour fabriquer des machines intelligentes. […] La formation au tir est un moyen pour les machines de classer par ordre de priorité et, en outre, de prendre des décisions instantanément. Nous ne créons pas Terminator, mais une intelligence artificielle. »
« L’IA est encore loin d’être assez qualifiée »
Un point de vue loin d’être partagé par Alan Winfield, qui pense que « l’intelligence artificielle n’est pas suffisante » aujourd’hui, et qu’il « est peu probable qu’elle soit assez qualifiée, pour une très longue période ».
L’idée d’armer les robots policiers semble absente à ce stade du projet de Dubaï, mais la PDG de Robot Lawyer LISA, Chrissie Light Foot, pense qu’il faut prendre les devants dans tous les cas : « Nous devons avoir une loi en place alors que les robots et les IA évoluent de sorte que, à chaque étape, il existe [la possibilité d’un] recours, d’une manière ou d’une autre. »
En attendant l’arrivée d’une législation et de toutes les mesures de précaution, le premier robot policier rencontrera ses collègues ce mercredi 24 mai, pour ensuite commencer sa première patrouille en soirée.
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