À Londres, l’entreprise de sécurité informatique Kaspersky a lancé un magasin éphémère. On peut y acheter des mugs, des t-shirts et des affiches… réglables uniquement en données personnelles. L’initiative vise à sensibiliser le public sur l’importance de ces informations convoitées.

En apparence, le Data Dollar Store ouvert à Londres par la firme de sécurité informatique Kaspersky Labs a tout d’un magasin normal : on y trouve des t-shirts, des mugs et des affiches. Mais une fois arrivé à la caisse de cette enseigne éphémère, le paiement s’effectue… en données personnelles. Conformément à la question simple et accrocheuse posée sur la devanture : « Que payerez-vous ? »

Pour un mug, il faudra ainsi accepter de donner 3 photos tirées de la pellicule de son smartphone ou bien des captures d’écran de conversation WhatsApp, par email ou SMS. Un t-shirt se monnaye pour sa part exclusivement contre les 3 dernières photos de sa pellicule ou les 3 derniers messages reçus — sans possibilité de choisir lesquels. Pour s’offrir l’affiche, le client doit aller encore plus loin : prêter son smartphone au vendeur, qui sélectionne alors librement les photos ou capture d’écran de son choix.

L’initiative vise à sensibiliser sur l’importance des données personnelles. Historique de navigation, vidéos regardées sur YouTube, recherches effectuées, produits consultés… Toutes ces informations ne sont pas seulement sensibles parce qu’elles sont personnelles mais aussi parce qu’elles ont une valeur commerciale pour les entreprises qui les revendent et les acheteurs qui les convoitent. Il s’agit donc, aux yeux de Kaspersky, d’une monnaie comme une autre — et d’un moyen original de promouvoir ses services de protection des données.

AOL/Engadget

AOL/Engadget

« Réaliser qu’on donne ces infos gratuitement au quotidien »

Engadget, qui a visité le Data Dollar Store, a pu constater l’efficacité de cette expérience : de nombreux clients étaient prêts à effectuer ce troc atypique pour obtenir les objets en question. Certains arrivaient en revanche dans l’enseigne préparés, en ayant déjà effectué leur choix de photos, quand d’autres se montraient inquiets au moment de s’assurer que leur smartphone ne contenait aucun cliché gênant.

L’artiste Ben Eine, à l’origine des visuels visibles sur les produits vendus, explique : « Il s’agit d’objets que nous distribuons tout le temps gratuitement. Mais quand on leur demande concrètement d’échanger ces informations privées pour repartir avec un objet qui a une valeur monétaire, les gens se disent : ‘Wahou ! Qu’est-ce qu’il y a vraiment sur mon téléphone ? Quels messages j’ai envoyé ?’ C’est un peu effrayant ».

Pour autant, le magasin éphémère ne prétend pas offrir un aperçu du futur qui nous attend en magasin. Il vise simplement éveiller les consciences, comme le confie Ben Eine : « Je veux que les gens s’inquiètent des informations qu’ils donnent, et qu’ils réalisent qu’ils les donnent gratuitement tous les jours. »

D’autres initiatives similaires ont eu lieu récemment, à l’instar d’une entreprise britannique qui proposait du Wi-Fi gratuit en échange de conditions générales d’utilisation absurdes — obligeant notamment les clients à récurer des WC. Aux États-Unis, un panel d’étudiants s’est pour sa part dit prêt à vendre ses données personnelles pour une simple pizza.

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