Les autorités américaines s’inquiètent de la manière dont les cryptomonnaies peuvent être utilisées pour masquer des transactions illégales, ou pour échapper au fisc. Selon Bloomberg, le département de la Justice et le fisc américains ont commencé à s’intéresser de près aux activités qui ont cours sur Binance, la plus importante plateforme d’échange de cryptomonnaies.

Le secteur crypto vit une semaine sacrément mouvementée. Lundi 10 mai, Elon Musk faisait perdre la tête aux amateurs de dogecoin avec ses déclarations paradoxales, plaisantant sur le fait que cette monnaie était « une arnaque » avant d’annoncer qu’il financerait une mission Space X avec elle. Jeudi matin, c’est le Bitcoin qui faisait un plongeon après que Elon Musk semble avoir découvert qu’il avait un coût environnemental énorme, et annoncé dans la foulée qu’il ne serait plus accepté pour acheter des Tesla.

Ce même jeudi 13 mai, dans la soirée, c’est Bloomberg qui a décoché la dernière flèche, révélant que le département de la Justice et le fisc américain menaient une enquête confidentielle sur Binance, la plus importante plateforme d’échange de cryptomonnaies du monde.

Source : Photo de Karolina Grabowska provenant de Pexels

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Les cryptomonnaies utilisées pour masquer des transactions illégales

Cela fait longtemps que les autorités américaines s’inquiètent de la manière dont les cryptomonnaies peuvent être utilisées pour masquer des transactions illégales (vol, trafic de drogue), ou pour échapper au fisc. Non sans raison : dans la cyberattaque qui a paralysé le plus grand oléoduc des États-Unis, début mai, les 5 millions de dollars de rançon étaient par exemple demandés sous la forme de cryptomonnaies.

Des sources confidentielles de Bloomberg ont révélé que des enquêteurs spécialisés dans le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale avaient sollicité des informations sur le fonctionnement de Binance. La plateforme a été créée en 2017 par Changpeng Zhao, et elle a une structure peu transparente : constituée aux iles Caïmans, elle a un bureau à Singapour, mais pas de réel siège social. Selon la société d’analyse spécialisée Chainalysis, c’est aussi la plateforme sur laquelle a circulé le plus de cryptomonnaie liés à des activités criminelles en 2019.

Le fisc américain s’intéresserait à Binance depuis des mois

Dans son rapport, Chainalysis pointe l’impact que pourrait avoir un meilleur contrôle des échanges illégaux qui ont lieu sur Binance, et ailleurs : « Si les acteurs malveillants n’avaient plus la possibilité d’encaisser les cryptomonnaies qu’ils ont reçues de manière illégale, cela limiterait l’intérêt de commettre ces crimes (…) Cela améliorerait également la réputation des cryptomonnaies (…) et faciliterait leur adoption. »

Le département de la justice et le fisc américains n’ont fait aucun commentaire sur leur investigation ni sur son périmètre. Bloomberg révèle que des procureurs d’un département spécialisé dans l’intégrité bancaire, au ministère de la Justice, participent aux enquêtes. Le média précise que des agents du fisc ont commencé à étudier la conduite des clients de Binance, et de ses employés, il y a déjà des mois.

Le média américain avait déjà indiqué en mars que la Commodity Futures Trading Commission, une agence fédérale américaine chargée de la régulation des bourses de commerce, enquêtait sur Binance afin de déterminer si la plateforme permettait aux Américains de réaliser des transactions illégales.

Les citoyens du pays n’ont en effet pas le droit de réaliser certains types de transactions sur les sociétés qui n’ont pas été approuvées par la CFTC. Binance a toutefois mis en place une version spécifique de son service aux États-Unis, afin de se conformer à ces restrictions. La plateforme assure qu’elle empêche les internautes américains de les réaliser, et les avertit qu’ils risquent de voir leur compte gelé s’ils tentent de contourner ce cadre (en passant par un VPN par exemple).

Binance collabore avec les autorités américaines

Vu le peu de détails donnés par les autorités américaines, difficile de savoir si elles suspectent Binance de ne pas avoir rempli ses obligations, ou si elles enquêtent simplement sur des échanges illicites, qui se seraient produits sur Binance sans que la plateforme soit pour autant fautive.

Binance a en tout indiqué collaborer avec les autorités du pays. « Nous prenons nos obligations juridiques très au sérieux et collaborons pleinement avec les autorités », a fait savoir Jessica Jung, porte-parole de Binance. « Nous avons travaillé dur pour intégrer des mesures de lutte contre le blanchiment d’argent à notre plateforme, et des outils utilisés par les institutions financières pour détecter les activités criminelles.»

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