Evil West et Red Dead Redemption 2 ont un point commun évident : ils utilisent l’univers du western pour habiller leur proposition. Mais, la comparaison s’arrêtera là. Quand le blockbuster de Rockstar Games mise sur la narration, la reconstitution fidèle d’une époque, des graphismes flamboyants et l’écriture pour convaincre, le titre édité par Focus Entertainment se focalise d’abord sur le gameplay. Tandis que Red Dead Redemption 2 s’enfonce dans un réalisme pénible, Evil West ajoute du paranormal à l’équation.
Bref, on on peut affirmer que Evil West est la version négative de Red Dead Redemption 2, son exact opposé. C’est 100 % vrai dès qu’on a la manette entre les mains : contrairement à son aîné, Evil West est satisfaisant… jusqu’à un certain point. Sur la longueur, le jeu développé par Flying Wild Hog manque de nuance. Ce qui est jouissif pendant les premières heures finit par devenir éreintant à mesure que l’on revit toujours les mêmes situations. Dommage, car les bases sont bien là.
Evil West finit par lasser
Disponibilité
Evil West est disponible à compter du 22 novembre 2022 sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S, Xbox Series X et PC.
Evil West a tout du plaisir coupable. Ce fut notre impression initiale après l’avoir essayé pendant une demi-heure, à l’occasion de la gamescom 2022. À l’époque, nous étions même très enthousiastes quant au potentiel du jeu. Notre avis sur le gameplay n’a pas fondamentalement changé : il est toujours aussi grisant de se débarrasser des viles créatures qui terrorisent l’Amérique, alors protégée par une organisation secrète. Vampires, loups-garous, abominations tentaculaires… En termes de folklore, Evil West mélange un peu tout.
D’ailleurs, le jeu ne ressemble pas toujours à grand-chose. La direction artistique est très générique, et il n’y a aucune identité propre qui ressort de Evil West. Il n’est pas aidé non plus par ses graphismes et ses désagréments de luminosité. L’expérience est trop sombre dans les scènes peu éclairées et trop clinquante quand il fait jour. N’hésitez pas à faire un petit tour dans les réglages pour ajuster le gamma et obtenir un rendu plus fidèle et confortable pour les yeux. Dans les options, vous serez sans doute étonné de constater qu’il existe un paramètre pour remplacer les araignées. Un petit trait d’humour paradoxal qui devrait plaire aux arachnophobes, alors que Evil West continue à ressembler à un musée de l’horreur (y compris pour ses décors).
Pour se défendre, le cowboy dispose d’un arsenal très varié, dont les différentes pièces se débloquent au fur et à mesure. Cela permet de casser constamment la routine du gameplay. Néanmoins, on a trop souvent l’impression d’enchaîner bêtement les séquences d’action, avec toujours plus d’ennemis jetés dans la bataille. Evil West privilégie la quantité à la qualité et, passé quelques heures, on finit par en avoir assez de tuer 50 fois la même chauve-souris géante, 150 fois le même loup-garou et 200 fois la même reine abeille (on exagère à peine). Flying Wild Hog varie les compositions d’ennemis, mais cela ne suffit pas. En prime, l’adversité dispose généralement d’une barre de vie bien trop grande — ce qui rallonge les affrontements pour leur propre bien.
En somme, l’euphorie des niveaux initiaux finit par s’effacer au profit d’un gros sentiment de lassitude. Evil West s’embourbe dans ses propres boucles, au point d’accoucher de situations étranges. Par exemple, si l’on voit des ennemis au loin, on ne peut les tuer qu’une fois rentré dans ce qui est considéré par le jeu comme une arène (à l’architecture quelconque). La joueuse ou le joueur avance sur des rails du début à la fin, même s’il est — un peu — autorisé d’explorer les environnements en quête d’or, de coffres et de documents. Mais, a-t-on vraiment envie de lire dans un jeu au scénario volontairement risible ?
16 chapitres et un mode coopératif
Evil West s’efforce d’approfondir le gameplay grâce à une progression d’un classicisme à souligner. On gagne des niveaux pour obtenir des points de compétence. On ramasse de l’argent pour acheter des améliorations pour ses armes. Il n’y a rien de profondément original, mais c’est d’une efficacité assez redoutable. D’autant qu’il y a matière à varier les plaisirs. Au début, le héros n’a qu’un flingue, un fusil et ses poings pour se défendre — avant de devenir une vraie machine à tuer. Lors des affrontements, la réussite implique de gérer tous les moyens mis à disposition pour semer la mort, sachant qu’il faut tous les utiliser pour s’en sortir.
Preuve que Flying Wild Hog a laissé la subtilité au placard : il n’y a pas besoin de chercher des munitions dans Evil West. Les armes se rechargent toutes seules, dans un laps de temps plus ou moins long. C’est une excellente idée pour le rythme, seulement brisé par les cinématiques et la poignée d’énigmes simplistes (elles consistent généralement à alimenter des interrupteurs). Evil West réussit aussi très bien son mix entre le tir pur et les attaques au corps-à-corps (il y a même des parades électriques). Le mariage est explosif et décomplexé. Pour se défouler, c’est idéal. Evil West gagnerait quand même à être aussi technique qu’un Doom Eternal — la référence ultime.
Vous pourrez éventuellement partager le plaisir — ou la souffrance — par l’intermédiaire du mode coopératif. Il y a seize chapitres en tout, et la difficulté s’adaptera bien évidemment au nombre de participants. On n’a pas eu l’occasion de s’y essayer, mais quand c’est un peu nul, c’est toujours mieux avec un ami. Evil West n’a pas un mauvais fond, il pêche hélas dans la forme. C’est exactement la définition d’un plaisir coupable. S’il vous reste encore quelques heures à tuer en 2022, pourquoi pas.
Le verdict
Evil West
Voir la ficheOn a aimé
- Gameplay jouissif
- Scénario un peu rigolo
- Le mode pour les arachnophobes
On a moins aimé
- Un manque cruel de variété
- Direction artistique quelconque
- Ça pourrait être plus beau
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