Un an après avoir quitté le petit écran pour se décliner au travers d’un site Internet, l’émission Arrêt sur Images (ASI) de Daniel Schneidermann s’apprête à faire son grand tour à la télévision. Débarqué de France 5 après dix années de bons et loyaux services, ASI n’a plus sa place sur le service public où elle a été remplacée cette année par le magazine Médias de Thomas Hugues. Elle n’a pas non plus sa place sur les chaînes privées, où il ne fait pas bon critiquer ses confrères. Mais les joies du numérique permettent à ASI une renaissance télévisuelle en toute indépendance, grâce à la télévision par IP. C’est en effet sur le bouquet de chaînes de Free qu’Arrêt sur Images lancera non plus sa seule émission, mais toute une chaîne de télévision dédiée au décrypage des médias, à partir du 1er décembre.
Au départ, la chaîne d’ASI se contentera de diffuser en boucle les émissions hebdomadaires que les actuels abonnés au site de Daniel Schneidermann connaissent bien. Chaque vendredi, ArretSurImages.net propose une émission d’environ une heure avec un plateau d’invités qui rappelle les heures de gloire de l’émission de France 5. Le site s’y est déjà préparé. Pour sa deuxième saison sur Internet, l’émission s’est dotée d’un vrai plateau de télévision, capable d’accueillir plusieurs invités avec un décor minimaliste mais plus professionnel que l’ancienne table logée au milieu des bureaux des journalistes. Un cadre idéal pour se relancer sur le « grand écran » du salon, beaucoup plus confortable que le fauteuil du bureau pour regarder en famille une émission d’une heure.
Payant, le site d’Arrêt sur Images avait réuni 40.000 abonnés quelques semaines après son ouverture. Il devra réussir le même pari, en plus grand nombre, avec la chaîne de télévision. Elle aussi sera payante, puisqu’elle coûtera 2,50 euros par mois. Pour attirer, elle devra donc proposer mieux qu’une émission hebdomadaire diffusée en boucle.
« Très vite, dès que les premiers abonnements à arretsurimages.tv nous donneront les moyens de le faire, la grille va s’enrichir« , promet donc Daniel Scheidermann. « De nouvelles émissions innovatrices, françaises ou étrangères. On meurt d’envie, par exemple, d’aller voir s’il existe d’autres émissions traitant des médias, dans d’autres pays, sur d’autres continents. Et très vite, le plus vite possible, la grille va aussi s’enrichir de programmes que nous produirons nous-mêmes« .
D’une simple émission de télévision consacrée aux médias, Arrêt sur Images s’impose désormais à l’ère numérique comme un média à part entière, qui a des velléités de développement. Un symbole fort au moment où l’audience des grandes chaînes s’effrite, concurrencée par de nouveaux médias qui misent sur leur spécificité et, souvent, leur indépendance. L’ère des mass media s’écroulent beaucoup plus vite que ce que beaucoup d’analystes prédisaient.
« Le but est de créer d’autres émissions, qui présentent un intérêt dans leur rapport avec lémédias. Un intérêt au sens large. Soit qu’elles en parlent, soit que la façon dont elles sont fabriquées, en tant qu’objets, présente en soi un intérêt, innove, invente. De toutes manières, nous ne diffuserons que des émissions absentes de l’offre médiatique actuelle, des émissions dont le système ne veut pas. Ne m’en demandez pas plus pour l’instant. On a déjà quelques idées, mais chaque chose en son temps. Là, pour l’instant, on pose le chevalet, on étale les couleurs« .
Espérons toutefois que la chaîne soit rapidement accessible aux non Freenautes, comme pourrait bientôt l’imposer la loi.
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