Entre désaccords stratégiques sur le déploiement de la fibre optique, dénonciations d’accord exclusif de commercialisation de l’iPhone et d’abus de position dominante jugés par le Conseil de la concurrence, l’actualité des opérateurs télécoms est particulièrement nerveuse en cette fin d’année.

L’actualité judiciaire est lourde du côté de Bouygues Telecom. L’opérateur, qui avait déposé plainte auprès du Conseil de la concurrence pour contester l’exclusivité dont bénéficie Orange sur la commercialisation de l’iPhone, connaîtra la semaine prochaine le verdict. Le Conseil doit rendre son avis le 17 décembre, mais l’issue fait toutefois assez peu de doute. Orange respecte en effet les dispositions de la loi en proposant aux consommateurs d’acheter l’iPhone nu et débloqué, c’est-à-dire sans abonnement et avec la possibilité de l’utiliser chez d’autres opérateurs.

Toutefois si le Conseil décide de suivre l’avis de Bouygues Telecom en estimant par exemple que le prix de vente de l’iPhone nu est trop élevé (609 euros pour le modèle 8 Go nu et débloqué, contre 199 euros avec forfait Orange), c’est tout le modèle économique de l’iPhone qui pourrait être atteint. Apple joue en effet sur l’exclusivité pour obtenir des opérateurs partenaires une commission sur les forfaits de communication, qu’il ne pourra pas négocier si le marché est totalement ouvert.

Par ailleurs, Bouygues Telecom connaîtra en début d’année prochaine le résultat d’une plainte en abus de position dominante déposée en octobre 2006 contre SFR et Orange. L’opérateur reproche à ses deux concurrents la commercialisation de forfaits mobiles comprenant des appels illimités vers les numéros de leurs deux réseeaux. Or Bouygues estime qu’il était dans l’impossibilité de proposer le même type d’offre compte tenu des prix de gros pratiqués et de la différence de poids entre lui et ses deux rivaux.

L’Arcep accuse Orange qui accuse Free

Enfin, alors que Orange et SFR se sont rapprochés pour le développement de la fibre optique, l’Autorité de régulation des télécoms s’en est pris cette semaine à France Télécom, qu’elle accuse de bloquer les négociations avec Free. « Je m’interroge sur les raisons du blocage depuis l’été, par l’opérateur historique, des discussions sur le câblage terminal« , a indiqué le président de l’Arcep Paul Champsaur dans une interview au magazine Challenge le 11 décembre.

« France Télécom veut imposer sa solution : la pose d’une fibre unique à laquelle se raccorderaient les concurrents« , constate Paul Champsaur. « Cela pourrait en handicaper certains, tel Iliad-Free qui utilise une autre technologie. Nous proposons de tester un compromis au surcoût minime et préservant la liberté des choix techniques : la pose de fibres en surnombre. »

Mais Orange a répliqué le jour-même en assurant que « Free a refusé jusqu’à présent les propositions d’accord qui lui ont été faites, en exigeant le déploiement systématique de la solution multifibre » et que « c’est donc bien plutôt Free qui bloque ainsi la mise en œuvre d’un accord général sur la mutualisation du fibrage vertical, préalable indispensable au déploiement à grande échelle de la fibre« .

Le groupe Iliad demande qu’une fibre par opérateur soit systématiquement raccordée jusqu’au client final dans le câblage vertical (dans les immeubles), alors que d’Orange et SFR préconisent un déploiement monofibre avec un partage des infrastructures au pied des immeubles. Ils n’ont accepté sous la pression de l’Arcep qu’une simple expérimentation sur le multifibre, ce dont Free refuse de se contenter. L’opérateur veut en effet une indépendance maximale, qui lui évitera de devoir sous-louer les infrastructures de ses concurrents, aux tarifs imposés par eux.

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