Musicien et jury de La Nouvelle Star sur M6, André Manoukian a livré une interview très intéressante à Emmanuel Berretta dans Le Point. Il prône un retour « au temps de Jean-Sébastien Bach » lorsque « les artistes vivaient du mécénat de quelques princes ou de l’Eglise« , se félicite de la créativité des jeunes ravivée grâce à Internet, et juge que la loi sur la riposte graduée « ne servira à rien« .
« Si le Net a bouffé l’industrie du disque, il a rendu la créativité aux mômes« , estime Manoukian, qui constate que « les jeunes Français qui font de la musique se sont emparés de tout l’héritage musical grâce au Net. Ils remontent aux sources. Ils cuisinent tout ça dans leur wok, y ajoutent leurs ingrédients, de l’ail, du caramel… Et ça donne des choses qu’on n’aurait pas entendues il y a sept ans« .
Un hymne au piratage ? Pas tout à fait.
André Manoukian est « pour la loi Création et Internet » (il s’était publiquement engagé en faveur de la riposte graduée parmi 52 artistes en juin 2008), mais il estime que la loi « arrive trop tard et ne servira à rien« .
« Le vrai problème de l’industrie musicale précède la piraterie en ligne. À l’origine, les grands patrons étaient des jazzmen comme Eddie Barclay, c’est-à-dire des gens qui avaient eux-mêmes suffisamment d’oreille musicale pour distinguer le bon grain musical de l’ivraie. À la fin des années 1980, ces gens-là ont été remplacés par des gestionnaires« , regrette le musicien. « Ils peuvent faire toutes les lois qu’ils veulent, c’est trop tard. »
« Nous allons revenir à la période où les artistes vivaient du mécénat de quelques princes ou de l’Eglise (sourire). Finalement, j’aime mieux ça ! Que ce soient les princes ou les évêques qui nous fassent vivre plutôt que je ne sais quel rescapé d’une école de commerce ! (sourire). Revenons au temps de Jean-Sébastien Bach !«
Pour Manoukian,le patron d’Universal Music Pascal Nègre est « le roi d’un secteur en ruines…« . Il appréciera.
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