Lorsque nous avions proposé en 2004 la « Licence de Diffusion Culturelle » pour financer la diffusion des œuvres sur Internet, nous pensions que les internautes étaient dans leur majorité prêts à payer quelques euros en plus chaque mois pour légaliser le Peer-to-Peer tout en finançant la création des artistes professionnels. Plus les années passent, plus le sentiment d’un rendez-vous manqué se renforce.
C’est au moment où de plus en plus d’artistes et de maisons de disques commencent à réaliser qu’une licence légale (dite « licence globale ») pourrait être la moins mauvaise des solutions que le rejet de toute nouvelle taxe au bénéfice des auteurs, des compositeurs, des interprètes et des maisons de disques s’accentue. La chasse aux internautes traités de pirates et de voleurs a radicalisé les positions contre les artistes, et le consentement à payer pour accéder à la culture produite par des professionnels disparaît un peu plus chaque année (alors que parallèlement la culture produite par des amateurs, gratuite par définition, prend de plus en plus d’ampleur).
Au Canada, où des auteurs-compositeurs demandent une licence globale, deux sondages menés par Angus Reid Strategies montrent que le public est opposé au paiement d’une taxe sur leur abonnement à Internet pour financer la création et légaliser le partage de fichiers. D’après le premier sondage (.pdf), 80 % des sondés estiment que taxer les fournisseurs d’accès à Internet pour alimenter un fonds de création de nouveaux médias canadiens serait « inutile et/ou inapproprié« . Dans le second sondage (.pdf), centré sur le P2P, 73 % estiment qu’une taxe sur les abonnements à Internet pour dédommager le partage de fichiers serait également inutile et/ou inapproprié.
45 % des personnes interrogées estiment pourtant que ceux qui utilisent les réseaux P2P pour télécharger de la musique ou des films sont « des utilisateurs d’internet normaux qui font ce que les gens devraient pouvoir faire sur Internet« . 27 % reconnaissent que c’est « quelque chose qu’ils ne devraient pas faire« , mais estiment que « ça n’est pas très grave« .
Seulement 3 % sont d’accord avec les maisons de disques qui assurent que les P2Pistes sont des « délinquants qui devraient être punis par la loi ».
Faut-il une riposte graduée pour remettre tous ces Canadiens dans le droit chemin ? Peut-être pas. D’après ce même sondage, ceux qui téléchargent sont plus enclins à acheter un CD (41 % contre 34 % des non-P2Pistes), et vont davantage aux concerts (65 % des P2Pistes ont été voir au moins un concert l’an dernier, contre 52 %)
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