C’est un retour surprise dans l’univers du jeu vidéo, auquel personne ne s’attendait vraiment. Alors qu’elle s’était désengagée de l’industrie vidéoludique en revendant la très grande majorité de sa participation au capital d’Activision Blizzard, la multinationale Vivendi vient d’annoncer mercredi soir qu’elle est désormais actionnaire dans deux des plus importantes sociétés françaises du secteur, Ubisoft et Gameloft.
Dans un communiqué laconique, Vivendi explique détenir désormais 6,6 % d’Ubisoft et 6,2 % de Gameloft. Cette opération a coûté un total de 160 millions d’euros au groupe détenu par Vincent Bolloré : 140,3 millions d’euros pour récupérer 7,36 millions d’actions Ubisoft et 19,7 millions d’euros pour obtenir 5,24 millions d’actions Gameloft. Vivendi explique qu’il s’agit d’un simple « placement de ses liquidités ».
À cela s’ajoute le reliquat de sa participation au sein d’Activision Blizzard : 41,3 millions d’actions, représentant une part de 5,8 % au capital.
Un capital très éparpillé
En apparence bénigne, l’entrée en lice de Vivendi dans le capital de ces deux groupes est en réalité un redoutable défi pour Yves Guillemot (PDG d’Ubisoft) et Michel Guillemot (PDG de Gameloft). En effet, la famille des deux frères ne possède qu’une part réduite d’Ubisoft (9,4 %) car, comme le rappelle Libération, le capital du studio de jeu vidéo est dispersé entre plusieurs acteurs, dont des fonds d’investissement.
Outre la famille Guillemot, il faut compter sur Fidelity Investments (FMR LLC) qui possède 9,99 % du capital, Blackrock (5,44 %) ou encore Fil (4,9 %). Et parmi les fonds d’investissement présents au capital, certains « pourraient être tentés de revendre leur participation au plus offrant », note le quotidien. Vivendi pourrait alors grossir sa part et acquérir une influence de premier plan sur les orientations de la firme.
C’est en tout cas un scénario très plausible : Vivendi n’a certainement pas mobilisé 160 millions d’euros pour en rester là. Libération rappelle d’ailleurs à juste titre qu’au départ, Vincent Bolloré ne contrôlait que 2,5 % de la multinationale française en 2012. Trois ans plus tard, il en contrôle pratiquement 15 % et préside le conseil de surveillance. Cette recette pourrait bien être appliquée pour Ubisoft et Gameloft.
Des jeux appréciés
Les deux entreprises sont en tout cas des cibles de choix, en particulier Ubisoft : ce dernier est en effet à l’origine de plusieurs titres populaires (Assassin’s Creed, Far Cry, Lapins Crétins, Rayman, Splinter Cell et Watch Dogs) qui se vendent systématiquement à des millions d’exemplaires. Pas étonnant, dans ces conditions, de voir Ubisoft figurer parmi les plus grandes sociétés vendant des jeux vidéo.
Sur le plan financier, Ubisoft affiche d’ailleurs de bons résultats : sa valorisation boursière dépasse les 2,5 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires annuel de 1,4 milliard d’euros et un résultat net de 87 millions d’euros. En outre, le cours de l’action est globalement en progression depuis plusieurs années. Pour la seule année écoulée, celle-ci est passée de 11,56 à 23,66 euros. Une dynamique qui n’a pas laissé Vivendi indifférent
De son côté, Gameloft affiche un profil nettement plus modeste, avec une valorisation dépassant les 388 millions d’euros (pour un chiffre d’affaires annuel de 227 millions d’euros et un résultat net déficitaire de 6,8 millions d’euros (après impôts)). Mais la trajectoire est favorable par rapport à l’année précédente. En outre, l’entreprise évolue dans le domaine des jeux sur smartphones, qui sont aujourd’hui en plein boom.
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