Deezer devait proposer mercredi 8 241 758 actions pour lever 300 millions d’euros à la Bourse de Paris. Mais le groupe a annoncé mardi soir le report de l’opération financière. « En raison des conditions de marché », a tenu à préciser son directeur Hans-Olger Albrecht dans un communiqué.
Le contexte est en effet compliqué. La semaine dernière l’action de la société américaine de streaming musical Pandora a chuté de 36 % suite à l’annonce de résultats trimestriels décevants, et ses dirigeants ont attribué le recul principalement à l’arrivée du nouveau concurrent Apple Music, qui concurrence aussi Deezer. Didier Bench, le président de Deezer, ajoute « la réaction des marchés aux décevants résultats trimestriels de Netflix » motivait aussi sa décision de repousser l’entrée en Bourse de l’entreprise.
Le streaming, un modèle économique viable ?
C’est donc toute la capacité de financement des spécialistes du streaming qui est actuellement remise en cause, même si le rebond du cours de l’action Netflix après sa chute de 10 % début octobre aurait pu redonner confiance dans le modèle d’abonnement payant.
Reste que Deezer n’est pas Netflix. Malgré ses 6,3 millions d’utilisateurs dans 186 pays, Deezer compte seulement 1,5 millions d’abonnés payants. Ses autres recettes proviennent de la publicité, et de son partenariat avec Orange, censé expirer en 2018. Au total, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 142 millions d’euros en 2014. C’est donc plus du double qu’il voulait lever en bourse. Or sa marge d’exploitation reste négative de 12 millions d’euros, essentiellement à cause des licences à payer aux labels musicaux.
[floating-quote float= »right »]l’avantage de Deezer réside dans son partenariat avec Orange[/quote]
Deezer ne deviendra donc pas tout de suite une « licorne », ces start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars. Mais ce n’est que partie remise. Selon son communiqué, « la société évaluera ses différentes options de financement dans le futur ». « Deezer dispose des capacités de financement et du positionnement adéquat pour poursuivre sa stratégie de croissance », assure l’entreprise.
Le message du CEO ne se hasarde pas à livrer un calendrier pour son éventuelle future introduction en bourse, mais rappelle (exercice de communication imposé) la volonté d’innovation de Deezer, et sa recherche de nouveaux publics.
Si la concurrence reste très rude, l’avantage de Deezer réside dans son partenariat avec Orange, qui lui a apporté 4,8 millions d’abonnés « bundle ». Ces abonnés « bundle » rapportent moins à Deezer qu’un abonné « standalone », qui a souscrit directement à l’offre mensuelle, mais constituent un public important dans un écosystème à fortes barrières à l’entrée, où le plus difficile reste de toucher de nouveaux utilisateurs. Le défi sera alors de réussir à fidéliser et monétiser ces abonnés « bundle » à l’expiration du partenariat, en 2018.
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