Tous ceux qui s’intéressent au droit d’auteur à l’ère numérique ont entendu parler au moins une fois du Grey Album du DJ Danger Mouse. En 2004, l’artiste avait voulu sortir ce mash-up entre le White Album des Beatles et le Black Album de Jay-Z. Mais EMI, qui possède les droits des Beatles, avait refusé d’autoriser la publication de l’album, même s’il a reconnu plus tard que ça ne lui aurait pourtant causé absolument aucun préjudice. C’était une question de principe. L’album est finalement sorti gratuitement sur Internet, grâce à un mouvement global de rébellion de nombreux sites Internet qui ont participé au « Grey Tuesday » et diffusé tous ensemble l’album le même jour, le mardi 24 février 2004. Mais le conflit avec EMI est resté.
Depuis, Danger Mouse continue de publier des albums avec plus ou moins de succès. Son dernier, Dark Night of The Soul, devait bientôt sortir en collaboration avec Mark Linkous, de Sparklehorse. Mais toujours faute d’autorisation de EMI, qui détient une partie des droits, l’album ne sortira pas dans le commerce. Ou en tout cas, pas dans une forme qui aurait permis à la major britannique d’obtenir une partie des droits.
EMI ayant menacé de porter plainte si l’album sortait dans le commerce, Danger Mouse a décidé de vendre un CD vierge, accompagné d’un livret de plus de 100 pages de photos de David Lynch. Les photographies, inspirées de la musique de l’album, fournissent à l’auditeur une « narration visuelle de la musique », et sortiront en édition limitée pour que les fans se les arrachent au meilleur prix. Mais une étiquette sur le boîtier précisera la chose suivante : « Pour des raisons juridiques, le CD-R fourni ne contient aucune musique. Utilisez-le comme bon vous semble« .
L’internaute averti saura bien sûr retrouver la musique sur les sites de streaming ou de liens BitTorrent qui proposent déjà l’intégralité des morceaux, qu’il suffira de graver sur le CD fourni.
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