Il y a quelques jours, Walmart annonçait son intention de tester la livraison par drones aux États-Unis. Le leader de la grande distribution américaine montrait ainsi toute sa volonté d’adapter son offre et ses services aux nouvelles technologies, dans un but à la fois d’économie et de développement. Mais qu’en est-il de la grande distribution française ?
Pour le savoir nous avons contacté les plus grands groupes de grande distribution français (Leclerc, Carrefour, Auchan, Casino…) pour connaître leur réaction à l’annonce de Walmart, et les innovations qu’ils comptaient eux-mêmes appliquer à leur système de livraison et d’approvisionnement.
Mais faute d’y avoir pensé ou de volonté de s’exprimer sur un sujet potentiellement très stratégique, aucun d’entre eux n’a souhaité répondre, à l’exception notable de Système U, la maison-mère des magasins U.
Une tentative de faire du buzz
Son porte-parole Thierry Desouches reste très sceptique devant l’annonce de son confrère américain. Il ne voit dans cette annonce qu’une « tentative de faire du buzz ». « Ils en ont besoin pour faire monter leur cours de bourse, montrer qu’ils ne se laissent pas distancer par Amazon », analyse-t-il. Selon lui, le marché américain est beaucoup plus favorable aux drones qui n’ont pas encore conquis le public français. Il refuse toutefois de se « moquer de cette technologie ».
« Il faut anticiper, mais dans un délai raisonnable bien sûr ».
Le problème du dernier kilomètre
Thierry Desouches souligne surtout le problème du « dernier kilomètre » : les coûts logistiques explosent sur les derniers kilomètres de la chaîne de distribution, puisqu’il devient plus difficile d’optimiser des livraisons en petites quantités dans des lieux multiples qu’il s’agisse de petits centres commerciaux, des points-relais, ou des domiciles des particuliers.
D’ailleurs, explique-t-il, « le modèle économique de la grande distribution se prête mal à la livraison par drones : les marges sont très faibles, de l’ordre de 1 %, et les paniers trop petits, en moyenne de 20 à 40 euros ». Chez Système U, la question des drones est donc envisagée de très loin, « éventuellement pour des produits qui ne sont pas en stock ».
L’autre difficulté posée par la vente de produits de consommation à distance en général et plus précisément de la livraison par drones est que tout le monde veut être livré en même temps, à la sortie du travail, entre 18 heures et 20 heures. Système U imagine déjà les conséquences : un redoublement des problèmes logistiques de distribution, d’anticipation et de trafic aérien.
Le groupe préfère donc « travailler sa relation, sa proximité avec le consommateur », grâce aux petits supermarchés de proximité, dans un environnement où les clients tendent à se méfier de plus en plus des grosses entreprises de distribution. Les magasins U locaux ne disparaîtront donc pas de sitôt au profit des drones et autres systèmes de livraison à domicile.
Le mutisme des autres groupes ne nous incite pas à penser qu’ils sont plus avancés sur la question.
tout le monde veut être livré en même temps
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