Suite à l’élection présidentielle iranienne du 12 juin dernier, de nombreux électeurs sont descendus dans les rues pour laisser exploser leur colère suite à la défaite de leur candidat, Mir Hossein Mousavi, mais également pour protester vigoureusement contre les accusations de fraude qui auraient entaché le scrutin. Alors que d’aucuns considèrent que ces protestations sont les plus importantes depuis la révolution iranienne de 1979, le pouvoir en place cherche à reprendre la main en verrouillant au maximum les médias, notamment étrangers. Ainsi, le peuple iranien est privé de communications mobiles et d’accès aux sources d’information internationales.
Or, si les officiels iraniens sont parvenus à contrôler les médias traditionnels, ils ont davantage de difficulté à maîtriser les nouvelles formes de communication, que cela soit les réseaux sociaux comme Facebook, ou les sites de micro-blogging, comme l’inévitable Twitter. En effet, pour ce dernier, le format des messages en 140 caractères est idéal pour ce genre d’évènements : diffusion virale de l’information, mise en place d’actions spontanées, conseils pour contourner la censure, avertissements et coordinations… et surtout, communication avec l’extérieur, avec les autres utilisateurs de Twitter, qu’ils se trouvent en Amérique du Nord, en Europe ou partout ailleurs.
Et justement, si de nombreux internautes sont très enthousiastes pour soutenir les Iraniens dans leur combat et relayer la moindre information en provenance de Téhéran, le principal problème restait la barrière de la langue. Car si l’anglais est une langue mondialement répandue, même dans un pays considérant les États-Unis comme le « Grand Satan » et ses alliés anglophones comme les « Petits Satan », il faut garder en mémoire que ces évènements prennent place en Iran et que la population ayant accès à Twitter communique d’abord en persan (ou farsi, nom local de la langue majoritaire et officielle en Iran). En clair, ils communiquent d’abord entre eux pour s’organiser.
Pour remédier à ce problème, Google a annoncé le lancement d’un service de traduction vers et depuis le persan afin de faciliter la communication entre Iraniens et le reste du monde. Actuellement en version alpha, la qualité n’est pas encore au rendez-vous, même si Google assure faire de son mieux pour rendre encore plus intelligible ces traductions. Cette langue s’ajoute ainsi aux 41 autres langues disponibles sur Google Translate.
Du côté de Facebook, les administrateurs du réseau social ont annoncé également la présence d’une version en persan de leur site web, bien que les accès furent coupés dès le lendemain de l’élection du 12 juin. En effet, à l’image de Barack Obama durant sa campagne électorale, les partisans de Mir Hossein Moussavi se sont beaucoup servis du site communautaire durant la campagne électorale.
Toutefois, il est quand même regrettable qu’il ait fallu attendre que l’Iran soit secoué par des troubles internes pour que des sites comme Google et Facebook prennent en compte une langue parlée par quelque 60 à 80 millions de locuteurs dans le monde, notamment au Moyen-Orient et en Asie Centrale. Certains y verront plus un effet d’annonce pour alimenter une stratégie de communication qu’une véritable envie d’améliorer la communication entre cultures. Du moins, cet outil sera quand même utile à ceux cherchant à traduire les tweets venus d’Iran.
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