Le numérique a durablement modifié notre mode de consommation : plus rapide, plus personnalisé, moins cher, moins contraignant. La démultiplication des capteurs de tous genres et l’augmentation de la puissance de calcul autorise toujours plus d’innovations. C’est ce qui a donné naissance à la publicité ciblée, c’est-à-dire un message personnalisé en fonction de votre comportement et celui de millions d’autres personnes.
C’est aussi ce qui permet d’anticiper ou de prédire des événements avec des niveaux de certitude de plus en plus élevés. La voiture sans conducteur de Google et le programme Autopilot disponible sur les voitures Tesla en sont la preuve vivante. Et il va en être de même pour la santé dans les années à venir.
Un secteur médical à portée de portefeuille des géants du net
Le secteur du numérique est déjà sur le seuil du domaine de la médecine. Des entreprises proposent des objets connectés qui captent et analysent des données pour vous aider sur le segment « bien-être », dans la limite de la publicité mensongère : pour la domotique (Nest), pour votre activité physique (Fitbit) ou pour votre poids (Withings).
D’autres se concentrent sur la diffusion et l’échange des informations médicales (Honestica) quand les derniers attaquent frontalement les technologies médicales. C’est le cas de Theranos qui cible la production de tests sanguins à très faible coût et de Verily, anciennement Google Life Science, qui traite du dépistage et de la prévention des maladies.
Tous les ingrédients sont réunis pour chahuter le secteur médical
Tous les entrepreneurs élevés au numérique s’intéressent au secteur médical car il demeure encore sous « l’ancien régime » : un paysage concurrentiel figé, des innovations qui ressemblent plus à des mises à jour, des modalités de collaboration archaïques face à celles que l’on peut voir aujourd’hui dans d’autres secteurs et une rapidité d’adaptation à la concurrence qui n’a rien à envier à celle d’un porte-avion.
Tous les ingrédients sont réunis pour chahuter ce marché. Surtout quand on ajoute que les grandes entreprises du net et les fonds d’investissement qui ont fait fortune avec elles ont la capacité de financement nécessaire pour tenir la distance.
Un enjeu majeur : les données
Ces sociétés maitrisent les technologies de traitement et d’analyse des données nécessaires pour attaquer les leaders actuels du marché de la santé. Elles sont aussi naturellement centrées sur la réponse aux besoins des consommateurs et non la distribution de produits. Un élément qui a déjà démontré toute sa pertinence et son avantage économique : Airbnb, Uber ou Amazon peuvent en attester. Mais l’avantage principal de ces entreprises est que les consommateurs ont l’habitude de partager leurs données personnelles avec elles. Ce qui est très loin d’être le cas des entreprises pharmaceutiques.
Cependant, la question de la propriété des données médicales est un point qui va être aujourd’hui, nécessairement critique : les données comportementales liées à la consommation sont aujourd’hui, quoi qu’on puisse en penser, la propriété des entreprises mais qu’en sera-t-il pour les données médicales ?
Cela semble être une évidence qu’un dossier médical appartienne à son patient, mais est-ce que cela sera aussi simple que cela pour les entreprises de la health tech ? Les données sont le moteur de l’économie numérique, la raison d’être du chiffre d’affaires que peut faire un Google, un Facebook ou un Alibaba. Et le débat reste en suspens pour le moment car le niveau de confiance est loin d’être encore au rendez-vous.
Pas le droit à l’erreur dans la health tech
Ces technologies, que cela soit au niveau logiciel ou matériel, ne sont qu’à leurs balbutiements. Theranos a fait l’objet d’une grande controverse à la suite d’un article du Wall Street Journal accusant l’entreprise de mentir à la fois sur ses avancées technologiques et la fiabilité de ses produits, une affaire que Forbes a résumé. Un rappel à l’ordre qui vaut en fait pour toute la scène health tech : ne plus pouvoir accéder à Facebook pendant quelques heures à cause d’un problème technique n’est pas un problème vital, ne pas pouvoir compter sur des données pour faire un diagnostic est une autre affaire.
L’erreur n’a pas le droit de cité quand on parle de santé
L’erreur n’a pas le droit de cité quand on parle de santé. Angle de contre-attaque qu’utiliseront sans aucun doute les industriels de ce secteur. À moins que les sociétés numériques ne fassent usage de leur excellence en matière de lobbying et de relation publiques pour faire bouger les grands groupes du secteur qui sont loin d’être irréprochables dans leurs pratiques : la dernière affaire en date a fait du bruit, quand un laboratoire a fait augmenter le prix d’un traitement contre le toxoplasmose de 5 000 %, faisant passer le médicament de 13,50 $ à 750 $.
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