Le démenti de Bouygues n’aura pas suffi à faire taire définitivement les rumeurs sur une cession de sa filiale dans les télécoms. Alors que l’entreprise déclarait solennellement la semaine dernière n’avoir « aucun projet de sortie du secteur des télécoms », réaffirmant au passage « son ancrage durable » dans celui-ci, de nouvelles informations, rapportées cette fois par le Journal du Dimanche, font entendre un tout autre bruit de cloche.
« La dynamique est bonne, ça avance », a réagi la première source de l’hebdomadaire. « Les discussions se poursuivent et doivent entrer dans le dur cette semaine », a abondé la seconde. Le journal rappelle au passage qu’une rencontre au sommet a eu lieu à Paris le 28 novembre entre Martin Bouygues et Stéphane Richard — le PDG d’Orange —. C’est au cours de ce rendez-vous que les négociations ont vraiment démarré.
À l’heure actuelle, le principal obstacle à franchir s’appelle l’autorité de la concurrence, qui a exprimé sa préférence pour un marché à quatre opérateurs. L’institution voit en effet dans Free le déclic qui a permis de débloquer le secteur des télécoms en lui redonnant du dynamisme, via une baisse des prix pour les clients et une course à l’investissement forçant chaque opérateur à faire un effort pour ne pas se laisser distancer.
Du côté du gouvernement, il n’y a officiellement pas de préférence pour un scénario ou pour un autre. Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a déclaré en fin de semaine dernière ne pas avoir de « religion » sur le fait que le marché français doit revenir à trois opérateurs ou en conserver quatre. Pour lui, les voyants qu’il convient de vérifier avant toute décision sont l’investissement, l’emploi et les clients.
Bercy n’a pas de « religion » sur un marché à trois ou quatre opérateurs.
Pour passer l’obstacle de l’autorité de la concurrence, la vente de Bouygues Telecom à Orange — qui a déjà exprimé par le passé son intérêt pour l’opérateur — se fera d’abord par une identification des actifs que Bouygues Telecom devra céder à SFR-Numericable et Free afin d’éviter qu’Orange ne se trouve dans une position beaucoup trop avantageuse. Ce pourrait être des boutiques, des clients, des infrastructures et des fréquences.
L’option du dépeçage de Bouygues Telecom n’est pas nouvelle. Elle a été évoquée l’an dernier lorsqu’un rapprochement avec Orange avait été envisagé. À l’époque, il était question que Free récupère une partie des actifs pour une somme avoisinant les 2,3 milliards d’euros (1,5 milliard pour le réseau, 800 millions pour les fréquences). C’est peut-être un scénario du même genre qui se jouerait si ces négociations aboutissent.
Une fois le feu vert de l’autorité de la concurrence obtenu, il serait question de troquer Bouygues Telecom contre des actions appartenant à Orange. Le groupe de Martin Bouygues pourrait ainsi demeurer indirectement dans le secteur des télécoms via une participation importante au sein de l’opérateur historique (on parle d’un actionnariat à hauteur de 15 % du capital d’Orange), malgré la cession de sa filiale.
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