C’est une controverse dont la SNCF se serait bien passée. En se rapprochant d’Airbnb pour proposer des formules incluant le billet de train et le logement, la société nationale des chemins de fer s’est retrouvée bien malgré elle au centre d’un conflit larvé entre d’un côté la plateforme américaine de location et de réservation de logement entre particuliers et de l’autre les hôteliers français.
Pour le syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (SYNHORCAT), il est en effet inadmissible que la SNCF — en fait sa filiale Voyages-SNCF, qui est détenue à 50 % par la société des chemin de fer —, dont l’État est l’unique actionnaire, puisse tisser des liens avec un groupe qui, non content de siphonner une part de la clientèle des hôtels, ne respecte pas les règles fiscales des pays dans lesquels il opère.
« Comment cette société publique peut-elle nouer un partenariat avec cette société de services étrangère qui réalise en France près de 300 millions d’euros de chiffre d’affaire annuel et qui, dans le même temps, s’arrange et réussit le tour de passe-passe fiscal et social consistant à ne payer des impôts que sur à peine 2 % de son chiffre d’affaire et à ne déclarer que 30 salariés ! », s’agace Didier Chenet, le directeur du syndicat.
Pour le SYNHORCAT, c’est clair et net : une société « subventionnée à hauteur de plusieurs milliards d’euros par l’État et les contribuables français » ne peut pas s’associer avec une « multinationale qui use de toutes les failles du système fiscal français » et qui ne « crée quasiment aucun emploi ». Et d’ajouter qu’il n’est pas contre les plateformes de location, mais à la condition que les règles du jeu soient respectées.
La stratégie fiscale d’Airbnb en France épinglée par le syndicat d’hôteliers.
Mais si ce rapprochement ne passe du tout auprès des hôteliers, il ne pose pas de souci manifeste à la SNCF, comme le relève France Info. D’abord, parce qu’elle peut ainsi écouler plus de billets de train en développant de nouvelles offres, notamment pour séduire ceux qui hésitent à emprunter des lignes onéreuses, comme le TGV. Ensuite, parce que les hôteliers font aussi l’objet de partenariats avec la SNCF pour proposer des forfaits.
La SNCF et Airbnb sont pour l’instant dans une phase expérimentale de leur partenariat, d’une durée de six mois. Si celui-ci perdure, la société nationale des chemins de fer pense qu’un client sur dix sera susceptible d’opter pour ce type de formule d’ici trois ans. Vu le trafic qu’enregistre le site chaque mois (7 millions de visiteurs), on comprend mieux la crainte exprimée par les hôteliers.
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