Viadeo était un réseau social professionnel prometteur en 2004. Un an après le lancement de LinkedIn, le leader du marché américain, la startup française a rapidement pris le marché français et a continué à croître en même temps que le potentiel des réseaux sociaux professionnel se consolidait. 42,4 millions d’euros ont été levés par Dan Serfaty et Thierry Lunati avant d’entrer en bourse à Paris. Une belle histoire d’après ces chiffres mais d’autres en racontent une autre toute différente. L’échec de la conquête de l’Asie pourrait être le point d’inflexion d’une entreprise qui n’a pas su évoluer avec son temps.
Unyk était une coquille vide, acquise pour aller faire du tourisme
Les levées de fonds ont généré des résultats très variés. Le rachat de de Unyk, un service de gestion de son carnet de contact, a permis de crier sur les toits que 25 millions d’utilisateurs supplémentaires étaient dans l’escarcelle de Viadeo. La réalité est que cette société canadienne était une boite à spams. Cela a cependant permis de lancer la session de tourisme aux États-Unis, avec la création à prix d’or d’une antenne à San Francisco. Une aventure rapidement avortée. Elle est suivie d’une seconde session de tourisme, cette fois-ci en Chine. Une expansions qui a pu se faire grâce au rachat d’un réseau social chinois en 2007, Tianji. Mais encore une fois, aucun impact à la création du bureau chinois si ce n’est grever un peu plus les bénéfices de la société.
Un trou béant que le FSI a essayé de sauver
La société française aurait pu être une belle réussite si elle avait eu un véritable positionnement. Car être le « me-too » (une copie) de LinkedIn ne peut durer qu’un temps : sans les capacités technologiques, innovantes et les financements nécessaires pour sortir de l’ombre de l’original, difficile de se faire une place au soleil. Mais cela n’a pas découragé le FSI, Fond Stratégique d’Investissement, qui a décidé de soutenir cette société avec l’argent public français. Injecter 10 millions d’euros dans le numéro 2 des réseaux sociaux professionnels au niveau mondial semblerait une bonne idée. Investir 10 millions dans une société qui est aussi loin du leader mondial est une hérésie, qui tente l’aventure chinoise sans l’adapter à la culture et le modèle d’affaires local est une folie et qui conserve à sa tête son fondateur après plusieurs échec est une aberration.
Viadeo est satisfait de ne perdre que 3,2 millions d’euros en 2014
La fuite en avant est sans conteste la raison d’être de Viadeo. Cette société annonçait 3,2 millions d’euros de perte en 2014. Une forte progression de 4,6 millions d’euros grâce à l’atteinte de la rentabilité en France. Une rentabilité liée au passage des effectifs de l’activité France vers l’activité Chine. La direction de l’entreprise tente tant bien que mal raconter une histoire qui tient debout pour éviter de dévisser plus qu’il n’est déjà le cas.
L’introduction en bourse s’était déjà faite sur une glissade de plus de 15% en une journée, maintenant l’action est aux alentours de 2 euros aujourd’hui face à 17,10€ il y a près de 18 mois. Une fabuleuse histoire qui promet d’être encore plus fabuleuse dans les semaines à venir, le fisc français intentant une action contre cette entreprise. Une solution pour s’en sortir ? Chercher un profil d’utilisateur qui n’est pas encore ciblé par LinkedIn et que les petites startups ont identifié : les indépendants. Une mine d’or qui n’attendra pas longtemps. Il suffit de voir l’évolution de Hopwork, Upwork, Talent.io et les autres pour comprendre l’intérêt.
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