Uniquement 140 caractères pour écrire un message, afin de pouvoir être envoyé depuis le web et reçu par SMS par ses amis. C’était la raison d’être de cette limitation et certainement la raison centrale à l’essor de Twitter entre 2006 et 2007 : cette entreprise était la première à connecter monde numérique et monde analogique.
La simplicité de partage d’informations au grand public a fait le reste. Evan Williams quitte en 2012 cette société qu’il a co-fondée et dirigée pour se lancer dans une nouvelle startup, Medium, qui donne plus d’espace d’expression aux internautes tout en conservant la qualité des contenus que proposait à son origine le réseau social à l’oiseau bleu.
140 caractères, 0 business
C’est un départ par la petite porte, sa vision produit n’étant pas du goût des actionnaires pour qui il était l’heure de tirer des profits de leur investissement. Bien que Twitter soit un réseau social mondial, le chiffre d’affaires ne décollait pas. Le modèle économique ne semblait pas être l’objectif d’Evan Williams : voilà pourquoi il a été remplacé par Dick Costolo.
Mais ce changement n’aura pas l’effet escompté, l’action dévisse après son introduction en bourse. Avance rapide, les actionnaires appellent au secours Jack Dorsey pour corriger le tir. Et là, vient un acte majeur, si ce n’est le mea culpa auprès des développeurs, : la suppression, officialisée à demi-mot, de la limite des 140 caractères. Une contrainte qui, au fond, pose trop de problèmes pour générer des revenus.
à la conquête du Publishing et de l’e-Commerce
Cette contrainte et les usages actuels de Twitter n’incitent pas les marques à faire de la publicité auprès de ses utilisateurs : les produits proposés sont trop limités et complexes à utiliser. De plus, la question « À quoi sert Twitter ? » reste toujours d’actualité. La prise en main n’a pas été améliorée et les bénéfices ne sont pas visibles pour qui n’est pas un internaute averti. D’où une base d’utilisateurs qui n’augmente plus. La seule solution évidente semble donc de faire tomber la limite de caractères.
Et avant toute considération littéraire, cela ouvre le champ à de nouveaux revenus. D’abord ceux liés au business des plateformes de publication de contenus au travers de publicités beaucoup plus ciblées, voire l’intégration de publicités dans le prochain format de tweet.
Ensuite ceux liés au e-commerce avec l’intégration de visuels et de liens commerciaux ou de l’achat direct depuis un tweet. Twitter pourrait aussi copier le modèle économique des applications de chat, en faisant un focus sur la messagerie instantanée : cela fonctionne en Asie et permet de cibler les utilisateurs les plus jeunes. En enlevant la limite des 140 caractères, le champ des possibles est ouvert.
De l’extérieur, ce changement radical est en tout cas très cocasse. Evan Williams a quitté Twitter pour monter Medium, une plateforme de syndication de publications. Celle-ci prend de plus en plus d’importance et conserve un niveau de qualité très élevé, en comparaison, par exemple, à ce qu’est TumblR. À l’inverse, Twitter est en perte de vitesse et semble courir après Facebook, mise à jour après mise à jour. En cherchant son avenir, la startup va prendre modèle sur Medium, le bébé de son fondateur… modèle qui est aussi testé par Facebook actuellement.
En cherchant son avenir, la startup va prendre modèle sur Medium, le bébé de son fondateur… modèle qui est aussi testé par Facebook actuellement.
Reste à savoir comment ce virage va être géré par l’équipe de communication de Jack Dorsey, qui récolte pour l’instant la colère des utilisateurs.
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