Des chercheurs en médecine de l’Université de Chicago élaborent des algorithmes qui doivent améliorer la fiabilité des objets connectés qui surveillent l’activité des patients et consommateurs, pour éviter les fraudes à l’assurance lorsque des réductions sont offertes à ceux qui suivent un certain comportement dicté par l’assureur.

C’est un enjeu fondamental pour l’état des libertés à l’avenir. À partir du moment où des objets connectés peuvent détecter l’activité physique d’une personne et en rendre compte à des tiers, notamment à des assureurs, quelle sera la liberté réelle de l’assuré qui sait qu’il devra suivre les instructions pour être remboursé ou ne pas payer de surprime (ou, de façon plus pernicieuse, pour avoir accès à des réductions qui deviendront le prix normal) ?

Courir deux heures par semaine, se lever toutes les heures, marcher 10 000 pas par jour, ne pas fumer, ne pas trop boire, ne pas trop manger, manger sain, ne pas manger gras, respecter les limitations de vitesse, faire une pause régulièrement sur les aires d’autoroutes, … les préconisations pour rester en bonne santé peuvent devenir de véritables instructions contrôlées à distance, grâce aux objets connectés (bracelets, montres, voitures, smartphone…) qui surveillent en permanence le métabolisme et l’activité.

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Capture d’écran d’une campagne d’AXA basée sur un bracelet Withings

Un besoin imminent de rendre ces systèmes plus intelligents

Le développement de la médecine personnalisée fondée sur le numérique permettra aussi des instructions personnalisés : ne plus faire l’amour trop longtemps ou ne pas boire plus de deux tasses de café si vous êtes cardiaque, prendre des médicaments préventifs si votre ADN dit que vous risquez de développer telle maladie, etc. Plus les objets connectés progresseront et seront capables d’analyser ce que l’on fait ou ne fait pas, plus l’autonomie de l’individu reculera.

Ce n’est évidemment pas un problème pour les assurances, qui y voient au contraire une formidable opportunité de limiter les risques de devoir signer de gros chèques à des assurés, mais c’est un risque pour la liberté de la personne humaine. Or les assureurs veulent s’assurer que l’on ne puisse pas tricher.

Détecter les fraudes à l’assurance par objets connectés

Ainsi des chercheurs de l’Université de Chicago, issus notamment du « Centre pour les technologies d’intervention comportementale » (sic) du Département de médecine préventive, ont publié le mois dernier une étude visant à améliorer la détection des fraudes à l’assurance par objets connectés. Leurs travaux ont consisté à demander à des cobayes de tenter de tricher avec un smartphone qui devait détecter leur activité (marcher, se mettre debout, assis, etc.). Ils ont analysé les courbes décrites par les détecteurs de mouvement, pour que les systèmes puissent reconnaître qu’il s’agit de tentatives de fraudes.

Selon l’étude, la méthode a permis de passer de 38 % de précision dans la reconnaissance d’activité réelle à 84 % de précision.

« À mesure que les fournisseurs de services de santé et les compagnies d’assurance se reposent de plus en plus sur des traceurs d’activités, il y a un besoin imminent de rendre ces systèmes plus intelligents contre les comportements trompeurs », se réjouit Sohrab Saeb, l’auteure principale de l’étude. Ce n’est pour l’instant qu’un début, mais l’objectif est bien de rendre fiables tous les mécanismes de surveillance, pour éviter un maximum de fraudes.

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