Comment expliquez-vous le succès actuel des plateformes de crowdfunding ?
Le crowdfunding c’est une façon de reprendre le pouvoir sur notre argent, même en n’étant pas très fortuné. On peut utiliser un bout de notre épargne ou un bout de nos revenus pour financer un projet qui nous tient à cœur. On peut enfin décider de ce qu’on fait de notre argent, et la façon dont on le met à la disposition de l’économie réelle. Le crowdfunding nous donne l’impression d’être utile. Et en 2015, KissKissBankBank se positionne comme le leader incontesté du marché, notamment grâce à ses deux autres plateformes : HelloMerci et Lendopolis.
Le crowdfunding nous donne l’impression d’être utile.
Leaders ? Ulule dit la même chose !
En terme de chiffres, Ulule a collecté 19 millions d’euros sur l’année 2015, nous en avons eu 22 millions à travers les 3 plateformes (ndlr : la plateforme KissKissBankBank a récolté un peu plus de 17 millions d’euros). Nous avons une stratégie complètement différente de celle d’Ulule : nous avons trois plateformes avec trois typologies de projets différents. Si vous cumulez les les chiffres de nos trois plateformes, on est les leaders français du financement participatif. Notre vision du crowdfunding se déploie sur plusieurs segments.
Mais HelloMerci est un système de prêt solidaire, on s’éloigne un peu du système initial du crowdfunding, non ?
Sur KissKissBankBank on préfère privilégier des projets artistiques, créatifs et innovants : si vous voulez monter une crèche par exemple, on considère que c’est pas innovant et on conseille de passer par HelloMerci pour être dans une logique de prêt. Vous allez dégager des revenus avec votre crèche et donc pour nous le deal passé avec votre communauté est plus clair : rendre l’argent plutôt que de le garder sous forme de dons. C’est une typologie différente de celle de KissKissBankBank, oui.
Lendopolis et HelloMerci, ça fonctionne bien ?
Ça cartonne ! Mais c’est des tout petits projets qui vont de 200 à 500 € en moyenne. En deux ans c’est quand même 350 projets. Pour Lendopolis (ndlr : du crowdfunding pour les PME), le démarrage a été fulgurant : on a collecté 4 millions d’euros la première année. La première année c’était seulement 100 000 € pour KissKiss.
S’il n’y a pas de retour sur investissement, d’après vous qu’est-ce qui motive les donateurs ?
Tout dépend des plateformes ! Sur KissKiss il n’y a pas de retour sur investissement mais c’est tout l’inverse sur Lendopolis. Quand vous prêtez de l’argent aux entreprises qui sont matures et existent déjà depuis plus de deux ans, c’est normal qu’elles vous le rendent avec un bénéfice.
Au fond, c’est un peu l’extrapolation du système originel : on reste dans l’esprit de KissKissBankBank mais étendu à une autre typologie de projets, et c’est normal que les donateurs perçoivent des intérêts sur des projets de ce genre. Mais on reste dans la même philosophie. Ce qui est rassurant et motivant avant tout, c’est de voir qu’il y a une réelle veine créative chez nous et nos entrepreneurs.
Quels sont les projets qui fonctionnent le plus chez KissKissBankBank ?
Là où il y a le plus de projets chez KissKiss, c’est la musique. Ensuite c’est l’audiovisuel qui fonctionne bien. Le spectacle vivant complète le podium.
Vous restez dans un univers très artistique : c’était le premier pari que vous vous étiez lancé avec la première version de la plateforme…
On a appris en marchant. Kickstarter a un peu la même histoire que nous finalement puisque, eux aussi, s’étaient spécialisés dans la création artistique. On s’est vite rendu compte que les explorateurs, les scientifiques, les créateurs d’objets connectés pouvaient aussi utiliser notre système en pré-vendant leurs projets. Mais en effet, c’est arrivé dans un deuxième temps. On le voit d’ailleurs avec MyMajorCompany : ils ont été obligés, eux aussi, de venir sur le même modèle que nous. Mais dans notre esprit, ils sont restés un label participatif.
MyMajorCompany ? Le système a toujours été compliqué et est voué à l’échec depuis le début
Vous ne considérez pas MyMajorCompany comme un concurrent ?
Ils se sont trompés de modèle économique. Le succès de MyMajorCompany avec Grégoire à l’époque a été un épiphénomène, le système a toujours été compliqué et est voué à l’échec depuis le début. Et le système n’est pas sain non plus, les investisseurs attendront toujours que les artistes rapportent de l’argent et dans l’état actuel de l’industrie musicale, c’est compliqué. Le système de KissKiss est beaucoup plus sain : il n’y pas d’argent en jeu et les donateurs sont récompensés de façon symbolique. Un CD ou un tshirt dédicacé par exemple.
KissKissBankBank, c’est une histoire de famille finalement ?
Oui, on est tous les trois (ndlr : fondateurs) de la même famille. Ombline le Lasseur, son cousin Adrien Aumont et moi, le mari d’Ombline. Donc en effet KissKissBankBank c’est une boite familiale.
C’est Ombline qui a eu l’idée un soir en rentrant à la maison. Elle m’a montré MySpace en me disant : « Regarde ces artistes présents sur les réseaux sociaux, ils ont des communautés entières qui les suivent. Si on demande à ces communauté un peu d’argent, on peut potentiellement financer les projets de ces artistes. » C’est né comme ça !
Vous avez encore des projets pour KissKissBankBank ?
Oui ! Là, nous sommes sur le segment du « don contre-don » avec KissKiss, celui du prêt solidaire avec HelloMerci et sur celui du prêt rémunéré avec Lendopolis. Tout naturellement on souhaiterait se lancer dans le dernier segment, celui de l’equity crowdfunding : le donateur devient actionnaire en ligne d’une startup. C’est donc un projet qu’on a dans les cartons mais on ne va pas le sortir tout de suite puisqu’on a lancé les deux précédentes plateformes il y a seulement deux ans.
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