Le crowdfunding, ou financement participatif, connaît un succès fulgurant depuis quelques années. En France, deux plateformes se partagent le gros du marché : Ulule et KissKissBankBank. Comment expliquer cet engouement ?

Crowdfunding, n. m. : anglicisme. Les plus doux y voient une alternative au système bancaire et les plus convaincus perçoivent à travers lui un rejeton de l’anti-système permis grâce aux nouvelles possibilités offertes par le numérique. En France, deux champions font la course.

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KissKissBankBank vs ulule

KissKissBankBank, est une plateforme née en 2009. D’abord destinée aux projets musicaux et créatifs, KissKissBankBank lance une deuxième version l’année suivante abandonnant ce côté restrictif pour s’ouvrir aux projets de tous les horizons. En 2011, KissKissBankBank récolte 185 000 euros de dons. 4 ans plus tard, la plateforme récolte plus de 17 millions d’euros. Une augmentation de plus de 9000 % par rapport à la première année. Le nombre de projets explose également : 417 projets ont été lancés la première année et 6607 en 2015.

De son côté, Ulule est considérée comme la première plateforme européenne de financement participatif. Créée un an plus tard que KissKissBankBank, Ulule récolte plus d’un million d’euros de dons dès sa première année d’existence. En 2015, la plateforme arrive à réunir plus de 19 millions d’euros soit une augmentation de plus de 1500 % par rapport à la première année. La communauté d’Ulule fédèrerait près d’un million de donateurs selon son directeur adjoint, Mathieu Maire du Poset.

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Les raisons du succès

La crise financière y est sûrement pour quelque chose dans l’augmentation des dons et du nombre de projets déposés sur les plateformes de crowdfunding. Moins de prêts bancaires accordés et une baisse de confiance entre le monde de la finance et le consommateur sont sûrement des facteurs qui ont joué en faveur du crowdfunding dès le début.

Mais ces premiers arguments ne sont plus vraiment les mêmes en 2016 : « Certaines plateformes surfaient beaucoup sur l’argument anti-système du crowdfunding : « On est gentil, on vient remplacer les banques »… Chez Ulule on n’a jamais cru à cet argument parce que ça n’est pas vrai. Pour nous il ne s’agit même pas d’une alternative au système bancaire, mais plus d’un complément. », nous explique Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint d’Ulule.

Vincent Ricordeau, fondateur de la plateforme KissKissBankBank voit, lui, à travers le financement participatif une démarche un peu plus militante que son concurrent :  « avec le crowdfunding, les gens reprennent le pouvoir sur leur argent, ils décident enfin dans quoi ils veulent investir. Plutôt que de laisser leur banque investir à leur place, ils le font. Voilà une des raisons pour lesquelles le crowdfunding, ça marche ». 

Avec le crowdfunding, les gens reprennent le pouvoir sur leur argent

Et le crowdfunding c’est surtout une communauté qui se crée autour d’un projet. Celui-ci ne se construit plus en tête à tête avec son banquier mais affronte la dure réalité : il faut convaincre un marché potentiel. D’après Mathieu Maire du Poset, « c’est un nouvel outil de financement puissant qui permet d’aller chercher du financement mais qui permet […] aussi de se poser les bonnes questions : mon projet est-il intéressant ? Est-ce qu’il y a du monde prêt à le soutenir ? C’est vraiment une façon d’aller cherche une «  proof of concept ». Je crois que c’est vraiment la valeur ajoutée du crowdfunding ».

Philanthropie ou retour sur investissement

Ne touchant pas de retour sur leur investissement mais juste une contrepartie, un « objet à valeur augmentée » selon Mathieu Maire du Poset, le crowdfunding a besoin d’une bonne dose de philanthropie pour fonctionner. Contrairement à des actionnaires, les backers recevront des cartes postales, des CD ou des t-shirts dédicacés en guise de récompense.

Pour le DG d’Ulule, si les gens donnent autant  : « c’est parce qu’à travers un projet ils ont l’impression d’être acteur de celui-ci. Derrière chaque projet il y a aussi une histoire et c’est pour cela que les gens donnent avant tout. Le lien fort entre le lanceur de projet et son donateur c’est l’envie de créer du sens. » 

Et pourtant, d’autres plateformes naissent avec de nouveaux modèles, notamment chez KissKissBankBank qui a lancé une formule de prêt aux PME qui rémunère les donateurs, nommée Lendopolis. Ces projets reposent tous la même dynamique : « Le crowdfunding nous donne l’impression d’être utile » affirme, Vincent Ricordeau. Reste à voir si l’essai transformé du financement participatif traditionnel pourra se répéter avec ces nouveaux venus.

Conversation avec Ulule et KissKiss

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