La concurrence est toujours aussi forte entre les taxis et les VTC. Avec l’application Paris Taxis, la Ville de Paris s’était engagée dans une concurrence directe. Un an après, c’est un échec.

Les taxis parisiens vont manifester demain contre ce qu’ils estiment être une concurrence déloyale de Uber et des autres compagnies de VTC. Le service UberPop avait été la cible des critiques l’année dernière et cette année c’est le non respect des réglementations portées par la loi Thévenoud qui est pris pour cible.

Au milieu des sujets légaux, la Ville de Paris avait décidé de faire développer une application mobile, Paris Taxis, pour donner des armes supplémentaires aux taxis. Une compensation qui n’a pas porté ses fruits à en croire ce mouvement de grève. Les 110 000 € utilisés pour le développement auront été investis en pure perte — si ce n’est pour l’entreprise lyonnaise qui a travaillé pour la mairie de Paris.

Les taxis et les outils des startups

La Ville de Paris, tout comme l’État sont bien démunis. Un marché verrouillé et très visible pour la population est transformé par des acteurs externes et la réponse à ce séisme a d’abord été légale. Malheureusement, les startups ont la fâcheuse habitude d’utiliser les « trous » de législation pour créer leur marché.

Dès lors, il fallait initier une seconde réponse, qui a donné naissance à l’application Paris Taxis : se lancer à l’abordage du domaine d’expertise de ces entreprises nées de l’Internet en développant une expérience consommateur au travers d’outils technologiques. Ces deux actions, l’une après l’autre, démontrent un manque total de maîtrise des différents acteurs de ce que le  monde numérique apporte réellement.

paris_taxis_application_mobile

Car pour maîtriser et accompagner l’évolution que propose le numérique, il faut envisager le sujet sur deux dimensions qui n’ont pas du tout été traitées jusqu’ici : le partage de revenus et l’initiative. Le partage de revenus est le ciment entre le monde traditionnel et le monde numérique et il faut l’utiliser à son avantage pour aider les parties prenantes traditionnelles à évoluer. L’esprit d’initiative, de son côté, doit être sollicité pour permettre une compréhension rapide des impacts avant qu’une quelconque activité ne devienne un problème global.

un nouveau mode de consommation

Uber et les VTC ne sont que des produits d’un écosystème économique verrouillé face à l’innovation. Le même débat a eu lieu quand Napster est arrivé dans le monde de la musique. Une deuxième vague a eu lieu avec le téléchargement des contenus vidéo, avec une réplique lorsque la technologie du streaming est arrivée. Une troisième vague a eu lieu avec AirBnb. D’autres vont arriver, que cela soit par la démocratisation de la robotique ou des monnaies alternatives. Il faut s’y faire et mettre en place un protocole qui permette à tous les partis de cohabiter durant la période de transition.

Uber Driver

Par exemple, Airbnb a déjà acté le partage de revenus avec la ville de Paris. En prenant en charge la collecte de la taxe d’habitation, la startup américaine accepte de devenir un intermédiaire de la ville et non plus un pirate. Uber tente la même approche en proposant de mettre à disposition son application mobile aux taxis. Il n’y a plus qu’un pas à faire pour obtenir de la part d’Uber un droit d’exploitation sur la ville : cette somme pourrait servir à gérer la transition entre les taxis actuels qui ont et vont continuer à payer leur tribut à l’innovation.

La réglementation impuissante contre l’esprit d’initiative

Un principe de concession, à la manière de la gestion des autoroutes, pourrait alors voir le jour. Cette opération créerait une interface de test pour les innovations, une forme de galop d’essai pour identifier les enjeux et les rapports de force qui se mettent en place. Il ne serait alors plus question de voir un état désemparé lutter contre des entreprises aux finances importantes sur un terrain légal qu’elles maîtrisent mieux que lui.

L’idée de mettre en place une redevance ou un équivalent d’éco-contribution n’est peut-être pas la bonne, mais elle fait son chemin : Heetch l’a évoquée ce matin en conférence de presse. Il est pourtant évident que les temps ne sont plus à la gestion d’un patrimoine ou d’une activité mais à la création ou la transformation des activités actuelles. Et donc à la définition du cadre qui permet une évolution maîtrisée. La question reste de savoir si les dirigeants vont accepter de changer de métier, car pour bien comprendre les enjeux du numérique et vivre avec lui, il faudra à un moment ou à un autre que la classe politique accepte à son tour d’être bouleversée.

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