Est-il pertinent de vouloir vendre la musique lorsque l’énorme majorité des albums produits ne sont jamais achetés ? Moins de 0,1 % des albums sortis aux Etats-Unis en 2008 se sont vendus à plus de 250.000 exemplaires, et seulement 5 % à plus de 1.000 exemplaires.

Samedi avait lieu à Washington le Future of Music Coalition Policy Summit, une réunion annuelle où des musiciens, techniciens, managers, universitaires et professionnels de l’industrie musicale exposent leur vue sur l’avenir de la musique dans l’ère numérique. Les débats tournent essentiellement autour des obstacles économiques et juridiques posés au renouvellement des pratiques de l’industrie musicale.

A cette occasion, le publicitaire Ariel Hyatt, spécialisé dans la promotion de la musique, a défendu l’idée désormais répandue que la production des albums devait servir de publicité aux artistes pour leurs concerts et autres revenus annexes (licences pour le cinéma, les jeux vidéo, les publicitaires, les produits dérivés…), et pas d’objet commercial en soi. Pour justifier cette vision, il a expliqué que sur 115.000 albums sortis en 2008 aux Etats-Unis, seulement 110 se sont vendus à plus de 250.000 exemplaires, 1.500 à plus de 10.000 unités, et 6.000 au delà de la barrière des 1000. L’écrasante majorité s’est vendue à très peu d’exemplaires.

Des chiffres qui rejoignent ceux qu’avait avancé Denis Olivennes, lorsqu’il était encore patron de la FNAC. Lui qui était chargé d’élaborer les accords de l’Elysée préalables à la loi Hadopi avait défendu l’importance de vendre des disques dans son enseigne, au nom de la diversité culturelle, en dévoilant que « sur les 200 000 disques différents que vend la FNAC chaque année, 190 000 se vendent à moins d’un exemplaire par FNAC et par an« .

Nous avions alors calculé que 95 % des disques vendus par la FNAC rapportaient moins de 40 centimes par jour à leurs auteurs, compositeurs et interprètes.

Pour cette écrasante majorité, la vente de l’album est une absurdité économique. Le prix pose une barrière à la découverte de l’artiste, alors que la gratuité permettrait de les découvrir beaucoup plus facilement. Ce que permet en pratique le piratage, ou ce que permettrait une licence globale. Les services comme Deezer, qui retire cette barrière en échange de publicités, doivent encore démontrer leur viabilité financière sur le long terme.

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