Orange a demandé à ses concurrents Bouygues Telecom et SFR, qui s’y sont soumis, d’arrêter de diffuser auprès de leurs clients les chaînes du groupe France Télévisions pendant toute la quinzaine du tournoi de Roland Garros. Il estime que son exclusivité sur le mobile prévaut sur les droits de France Télévisions, dont les chaînes font partie du bouquet de TV mobile des opérateurs. Un problème qui n’aurait pas lieu si le DVB-H avait été imposé.

Il y a quelques jours, nous rapportions le fait que le droit d’auteur freine la convergence, à travers l’exemple du site américain Hulu, qui propose de visionner émissions et séries télévisées. Le site dispose des droits pour la diffusion des vidéos sur postes fixes, mais pas sur les mobiles. Ce qui l’a conduit à devoir bannir les utilisateurs du système Android, alors qu’il sera bientôt embarqué sur les plateformes Google TV.

En France, c’est Roland Garros qui pose problème. Orange a exigé de ses concurrents Bouygues Telecom et SFR qu’ils cessent de diffuser auprès de leurs clients les chaînes du groupe France Télévisions jusqu’à la finale du tournoi international de tennis. La filiale de France Telecom a en effet négocié auprès de Roland Garros les droits exclusifs de retransmission sur le mobile, et Orange estime que cela doit interdire aux opérateurs télécoms de relayer par le réseau 3G le flux vidéo des chaînes de télévision qui retransmettent le même programme.

Aussi, les clients de Bouygues Telecom et de SFR ont désormais un écran noir lorsqu’ils tentent d’accéder à France Télévisions, et la mesure durera jusqu’au 6 juin. Que ce soit en 3G ou en Wi-Fi, les abonnés des deux opérateurs ne peuvent plus regarder France 2, France 3 et France 4, même lorsqu’ils diffusent autre chose que le tournoi. Simplement parce qu’ils utilisent les flux de données binaires véhiculées par leur opérateur mobile, plutôt que les mêmes données analogiques ou binaires (via la TNT) reçues par un téléviseur ou un récepteur mobile.

On ne sait pas ce qui est le plus dérangeant, entre la volonté d’Orange de faire appliquer à la lettre son droit exclusif qu’il détient encore jusqu’en 2013, et le fait que Bouygues Telecom et SFR aient choisi de s’y soumettre sans combattre, jusqu’aux tribunaux s’il le faut. C’est après tout les droits de leurs clients qu’ils auraient défendu, lesquels clients payent eux aussi la redevance pour financer les programmes de France Télévisions, et un forfait de télévision mobile qui doit leur permettre d’accéder à tous les programmes du groupe de télévision public.

Plus fondamentalement, l’anecdote de l’écran noir pendant la quinzaine de Roland Garros apporte un éclairage important au fait que les opérateurs mobiles, Orange en tête, ont tout fait ces dernières années pour faire capoter le développement de la télévision mobile en DVB-H en France. Elle aurait été l’équivalent sur mobiles de la TNT, qui aurait permis à n’importe quel appareil mobile de recevoir les chaînes de télévision en utilisant un signal hertzien émis par les chaînes. Mais les opérateurs ont toujours privilégié le développement de la télévision mobile par leur réseau 3G, pourtant beaucoup plus onéreuse, pour des raisons qui deviennent évidentes.

Les opérateurs estiment que les accords d’exclusivité sur le mobile sont supérieurs à ceux que signent les chaînes de télévision, ce qui leur permet de créer artificiellement de la concurrence sur l’accès à des contenus qui devraient être accessibles à tous dans les mêmes conditions.

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