Même l’AFP s’est laissée prendre. Dans une dépêche diffusée il y a trois jours et largement diffusée, l’agence de presse indiquait que la Corée du Nord, aux frontières étanches, avait ouvert son compte sur le réseau social Facebook, après l’ouverture très contestée d’un compte Twitter. « Le profil de Pyongyang sur Facebook, qui a été vu vendredi sur facebook.com/uriminzokkiri, montre que le pays communiste a ouvert un compte sur le site jeudi soir« , écrivait l’AFP, qui n’est pas la seule à s’être emportée. Des milliers de journaux dans le monde ont repris l’information, qui était fausse.
Le régime de Pyongyang a fait savoir à Forbes – qui assure être le seul média à avoir demandé confirmation, que le pays n’utilisait ni Twitter, ni Facebook, ni YouTube. « Les comptes sont gérés par des soutiens au gouvernement, pas par des agents du gouvernement, qui vivent au Japon et en Chine, pas en Corée du Nord« , ont ainsi rectifié les autorités nord coréennes. Elles précisent que les trois services en ligne restent bannis au pays.
L’affaire est tout de même intéressante, et fera cas d’école dans les tentatives de censure. L’ennemi sud-coréen avait en effet décidé de bloquer l’accès à la page Twitter du compte officiel présumé de la Corée du Nord, sans réel succès. Comme nous l’avions déjà vu dans la répression de Twitter par le régime iranien, le fonctionnement du service fait que la censure est automatiquement contournée. Les messages provenant d’un compte Twitter sont en effet dupliqués sur quantités de services tiers qui accèdent à l’API de Twitter depuis une connexion non sujette à la censure.
La Corée du Sud, qui interdit toute communication avec le Nord, avait donc averti que les messages adressés au compte Twitter de l’ennemi seraient passibles de sanction. « Il y a beaucoup de désinformation, de spéculation et de sensationnalisme à propos de la réalité de la Corée du Nord« , a critiqué auprès de Forbes un agent de la diplomatie nord-coréenne. « C’est l’hypocrisie d’une société qui se présente comme « démocratique » mais qui en réalité a peur du pouvoir idéologique et de l’influence de notre côté« .
Mais le meilleur moyen pour la Corée du Nord de se présenter sous son véritable jour ne serait-il pas de communiquer, plutôt que de censurer ?
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