De l’utopie Aldebaran à la commercialisation de Pepper
Fondée en 2005 par Bruno Maisonnier, Aldebaran Robotics a marqué la robotique moderne. Son Nao est devenu l’humanoïde le plus emblématique des avancées technologiques de ce début de millénaire, notamment après son apparition à l’exposition universelle en 2010.
Pourtant, la société n’a jamais réussi à être rentable dans un contexte de très forts investissements, sans véritable réussite de commercialisation. Pionnière, Aldebaran a dû investir dans un secteur qui était encore considéré comme trop risqué : la robotique grand public.
Jusqu’à l’arrivée de la holding japonaise SoftBank au capital de la PME, l’avenir était plus qu’incertain. Alors qu’il démentait en 2012 les rumeurs qui voyaient SoftBank racheter intégralement sa société, Bruno Maisonnier finira par laisser la direction d’Aldebaran aux actionnaires nippons. En mars 2015, SoftBank possédait 96 % de la société française.
Alors qu’en France le rachat par la holding inquiète beaucoup, notamment pour les emplois français que la PME avait créés, SoftBank veut compter sur leur savoir faire. Avant le rachat, en 2014, la holding avait travaillé avec succès à la création du Pepper avec les ingénieurs français, ce qui a certainement encouragé le rachat final.
Dans un contexte toujours risqué pour la robotique grand public, SoftBank a une vision claire pour son nouvel investissement : réussir un robot technologiquement futuriste mais dont le coût de fabrication permettrait une commercialisation à grande échelle.
Aldebaran n’a pas été tué par SoftBank
Preuve de la réussite de cette stratégie, lorsqu’en juin 2015 SoftBank commence à vendre son Pepper au Japon, les exemplaires s’écoulent à une vitesse incroyable, dépassant largement tous les espoirs de la PME française. En mettant à la vente chaque mois un stock limité de 1 000 robots Pepper, SoftBank réussit chaque début de mois à vendre l’intégralité de ses exemplaires en quelques minutes. Un tournant inédit dans ce secteur, qui dix ans plus tôt aurait été inimaginable.
Loin d’être la catastrophe sociale et technologique annoncée, le rachat par SoftBank s’avère en fin de compte un gage de stabilité pour l’activité robotique. Les partenaires travaillant sur le robot le confient par ailleurs, SoftBank aurait fait du bien à Aldebaran. Une startup qui a travaillé avec Aldebaran avant le rachat nous explique que la structure et les méthodes japonaises ont apporté beaucoup à une société qui était encore considérée comme utopiste et désorganisée.
Et SoftBank Robotics Europe fût
C’est le 19 mai, quelques jours avant l’annonce de la commercialisation occidentale du Pepper, que SoftBank a renommé ses filiales. Le nouveau nom de la société est de l’ordre du symbole, les changements internes étant déjà bien entamés. Un employé de la société, qu’il faut désormais appeler SoftBank Robotics Europe, nous explique que le changement de nom est l’aboutissement de la stratégie internationale de SoftBank. Lorsque le robot n’était commercialisé qu’au Japon, Aldebaran France continuait son travail de recherche et d’innovation en toute discrétion. Mais avec l’arrivée future sur les marchés américain et européen du Pepper, une clarification des activités robotiques de SoftBank était nécessaire afin de se concentrer sur une marque unique pour le monde entier.
Ainsi Aldebaran France est devenue SoftBank Robotics Europe. Concernant le maintien de l’emploi, les ex-Aldebaran assènent aux journalistes sceptiques qu’il n’y a eu ni démantèlement, ni mise à mort de la filiale française. Au contraire, on observerait plutôt un renforcement des activités en France.
On constate que SoftBank Robotics emploie 500 personnes à travers le monde, dont 400 à Paris. Nous sommes donc très loin d’un démantèlement des activités françaises. Notamment parce que l’essentiel de la R&D est faite en France, car malgré les critiques qui sont faites à Bruno Maisonnier, il a réussi à s’entourer d’une élite technologique et de partenaires de premier choix pour réaliser son rêve humanoïde. Un rêve qu’il aura laissé en héritage à SoftBank.
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