« Je constate que cela fait un an que Hadopi a été adoptée et que le marché du disque a arrêté de chuter alors qu’il était en baisse de 10 à 15 % chaque année« . C’est ce qu’a déclaré le patron d’Universal Musique France, Pascal Nègre, dans une interview à TF1.fr. Une déclaration étonnante puisque c’est faux, comme l’ont montré les récents chiffres du troisième trimestre 2010 pour l’industrie du disque en France.
Selon l’Observatoire de la Musique, le chiffre d’affaires de l’industrie phonographique a encore plongé de 13,7 % au troisième trimestre. Depuis le début de l’année, les recettes dues aux ventes de CD et DVD musicaux ont baissé de 9,8 % à 507,2 millions d’euros, tandis que le marché numérique progresse de 25 %, mais à seulement 64,2 millions. La hausse relative du numérique, qui d’ailleurs ralentit au lieu de s’emballer, est encore loin de compenser la baisse des CD.
Par ailleurs, Pascal Nègre en veut toujours à la France d’avoir mis trop de temps à transposer la directive européenne sur le droit d’auteur de 2001. Il aurait fallu « réagir plus vite« , dit-il, « à l’époque, la loi DADVSI a mis quatre ans à adopter une directive européenne qui nous protégeait enfin…« . Sauf que là encore, c’est contestable. La directive européenne n’a fait que transposer un accord international de 1996, qui lui-même a été traduit dès 1998 aux Etats-Unis avec le Digital Millennium Copyright Act. La protection juridique des DRM, qui était la clé de voute du DMCA et de la loi DADVSI, n’a pas empêché la crise du disque de se produire également aux Etats-Unis.
Enfin, Pascal Nègre assure ce mardi que « les ayants-droits fournissent 50.000 adresses par jour » à l’Hadopi. Problème. La semaine dernière, Denis Ladegaillerie, le président du Syndicat National de l’Edition Phonographique (SNEP) dont fait partie Universal Music France, annonçait au Figaro que 25 000 saisines étaient adressées chaque jour à l’Hadopi. Du simple au double.
De là à dire que les deux gonflent leurs chiffres, il n’y a qu’un pas. Il faut rappeler que plus ils collectent d’adresses IP, plus les ayants droit payent cher. Or leur intérêt n’est pas tant de faire envoyer des mails que de faire croire qu’ils sont nombreux, ce qui n’est visiblement pas le cas.
> Lire notre critique du livre de Pascal Nègre, Sans Contrefaçon.
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