Le chef de la police de Mahjah, petite ville du New Jersey, s’inquiète des activités numériques des enfants. Pour s’assurer qu’aucun danger ne les menace, il propose une méthode radicale : des séminaires gratuits aux parents pour qu’ils apprennent à espionner les discussions virtuelles de leurs progénitures, grâce à la présence de mouchards.

Avec l’importance croissante que prennent les réseaux sociaux, de plus en plus de parents se demandent comment encadrer au mieux les activités numériques de leurs enfants. Ces nouveaux espaces sont en effet très gourmands en informations personnelles, poussant de fait de nombreux jeunes à passer d’univers de l’intimité à celui de l’extimité.

Aux États-Unis, le chef de la police de Mahwah (New Jersey) a choisi un encadrement particulièrement controversé : pirater l’ordinateur de l’enfant afin d’espionner ses activités en ligne. Interrogé par NBC New York, James Batelli assure que cette méthode est nécessaire et appelle les parents à ne pas être naïfs. Les jeunes sont exposés plus que jamais à de nombreux périls, comme le sexting.

Lui-même père d’une jeune fille, James Batelli explique que des photos inappropriées publiées sur Facebook peuvent rapidement ruiner l’existence sociale d’un adolescent. Sans parler des effets négatifs que cela peut avoir à plus long terme, notamment sur la carrière professionnelle. En effet, de plus en plus de recruteurs n’hésitent pas à s’intéresser à l’image numérique projetées par les candidats.

En conséquence, des séminaires gratuits sont proposés aux parents dans les locaux de la police de Mahwah, avec la présence de détectives. Ces derniers expliquent comment installer des mouchards sur l’ordinateur familial pour voler les mots de passe. De cette manière, les parents peuvent se rassurer en lisant les discussions qu’ont leurs enfants.

Cette pratique extrême soulève néanmoins d’autres problèmes. Si les enfants découvrent le pot aux roses, le lien de confiance entre parents et enfants risque d’être rompu, au moins pour un temps. Or, l’adolescence est souvent une période délicate à gérer pour les parents et à vivre pour les adolescents. Et les efforts déployés, non content de tomber à zéro, risquent de produire l’effet inverse.

Par ailleurs, ces adolescents ont de fortes chances d’avoir le dernier mot dans cette affaire. Non pas parce qu’ils auront l’ascendant au niveau de l’autorité, mais parce que ce sont des « natifs du numérique ». Nés pratiquement avec un clavier entre les mains, ils se montrent particulièrement à l’aise avec l’outil informatique. Une aisance que n’ont pas toujours les parents.

Cela étant, le fait d’être à l’aise avec les outils numériques ne dispense pas d’être prudent. Il faut avoir en tête que tout ce qui est communiqué en ligne peut être lu, archivé et indexé par les services en ligne et les moteurs de recherche. Autant d’éléments qui peuvent plus tard être recherchés. L’étalage de sa vie privée sur une place publique accessible à des millions d’internautes est un risque qu’il faut bien appréhender.

En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) commence à communiquer vers les plus jeunes. L’an dernier, elle s’est associée à la rédaction de Mon Quotidien, un journal destiné aux 10-14 ans, pour évoquer la vie privée en ligne et le droit à l’oubli sur Internet. 600 000 exemplaires ont été tirés pour toucher un maximum d’enfants.

Si les méthodes proposées par James Batelli sont particulières, rappelons cependant que son inquiétude n’est pas partagée par tous les parents. Un sondage mené aux États-Unis par TRUSTe and Lightspeed Research auprès de 2 000 parents et adolescents a montré que 84 % des parents font confiance à leurs enfants, même s’ils font attention à leurs activités en ligne.

Et vous, faites-vous confiance à vos enfants s’ils fréquentent des réseaux sociaux ? Parlez-vous ouvertement des problèmes de vie privée et de droit à l’oubli ?

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