LeEco est une entreprise bien plus tentaculaire que sa présence en Occident le laisse penser. Cette société chinoise, qui fut d’abord le Netflix local, est en train de devenir un constructeur de télévisions, de smartphones, de voitures et de vélos. Qui est ce nouveau venu dont l’histoire est si singulière ?

Encore méconnue il y a un an dans le monde européen de la tech, la Leshi Internet Information & Technology qui se nommait depuis sa fondation en 2004 LeTV a subitement changé de nom en 2016, pour officiellement partir à la conquête du monde. L’entreprise est ainsi devenue LeEco pour Leshi Ecosystem. Ce changement de nom étant censé représenter la nature plurielle des activités de la société.

Car si LeTV n’a longtemps été que la plus importante plateforme de VoD et de SVoD en Chine, ses activités se sont progressivement multipliées vers de nombreux marchés annexes. Du software vers l’hardware, LeTV a d’abord commencé par concevoir ses propres téléviseurs connectés.

Du software au hardware…

Avec le succès occidental de la SVoD, la société s’est mise à créer le plus important catalogue à-la-Netflix en Chine. Pour cela, la société a investi dans les studios asiatiques mais également américains. On retrouve par exemple des fonds de la société dans la production de Expandables 2. Mais la société de production de Leishi — Le Vision Pictures — est également devenue une des plus prolixes du pays avec plus de dix films mandarins par an, et a participé ces deux dernières années au financement de plus de 20 films hollywoodiens.

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En 2015, toujours à cheval entre la création de contenus, le soft et l’hardware, LeTV augmente ses activités avec une division pour le streaming musical, LeTV Music. Le service musical de LeTV mélange le contenu vidéo musical ainsi que du streaming, un business assez officieux en Chine où les droits d’auteurs sont fréquemment violés sans conséquences.

Néanmoins, en produisant dans ses studios du contenu musical vidéo, LeTV Music est devenu le seul service disponible sur PC, smartphone, tablette et sur les TV connectés. Encore une fois, le mélange des genres entre un constructeur et un producteur a permis à LeTV d’asseoir son importance en Chine. Et cela malgré la jeunesse de la société et l’absence de fonds publics dans son financement initial. Par ailleurs, le régime chinois a déjà émis des griefs contre la société, notamment lorsque le service SVoD proposait aux Chinois une série parlant de bisexualité. Le gouvernement avait alors imposé la censure du show humoristique.

… Jusqu’à la voiture autonome

On retrouve également la société derrière le premier vélo-smartphone sous Android, un concept qui, avouons-le, laisse dubitatif. Le Syvrac, comme se nomme ce smartphone-bicyclette, est propulsé par un SoC quad-core, deux roues et 4 Go de RAM. Dans les projets fous de LeEco on trouve aussi une voiture autonome, bien plus ambitieuse que le smartphone à guidon. Car la société chinoise s’est liée pour sa conception à Faraday et Aston Martin. Deux sociétés de prestige sur lesquelles s’est appuyé le Chinois pour une sorte d’opération séduction occidentale de Leishi.

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Dans les colonnes de Numerama, nous avions déjà parlé de LeEco, lorsque la société a décidé d’emboîter l’hypothétique pas d’Apple vers la fin du port jack sur smartphone. Car, évidemment, la société s’est lancée dans les smartphones en 2014. D’abord réservés à la Chine, les appareils tentent désormais de faire une percée sur de nouveaux marchés.

À l’assaut des États-Unis

En somme LeEco est déjà partout, sur tous les registres plus ou moins lucratifs pour la tech, Et la société ne compte pas s’arrêter là dans sa folle expansion. Cette semaine, nous apprenions que LeEco a conclu un contrat pour racheter et prendre le contrôle d’ici la fin de l’année de l’américain Vizio pour deux milliards de dollars.

Vizio est une société américaine qui, à l’instar de LeEco, construit des téléviseurs connectés à bas prix. L’acquisition de la société chinoise transforme Vizio en filiale du groupe, laissant ainsi le nom et la marque bien connue des Américains recouvrir l’activité que LeEco souhaite avoir aux États-Unis sur le divertissement. La société américaine régnait en 2007 sur le marché américain avec plus de 600 000 écrans vendus, grâce à sa maîtrise de la technologie plasma. En revanche, l’entreprise a manqué l’évolution vers le LCD. La société n’est revenue sur le devant de la scène que dans les années 2010 avec l’essor des téléviseurs connectés puis 4K.

Une campagne sociale de LeEco qui comparait Apple à Hitler.

Une campagne de LeEco qui comparait Apple à Hitler sur les réseaux sociaux.

Comment comprendre une entreprise aussi prolixe, indescriptible et multiple ? Peut-être en regardant du côté des références du dirigeant de l’entreprise, Jia Yueting. Légèrement mégalomane, le patron — comme toute une génération d’entrepreneurs chinois — n’a qu’un nom à la bouche, Steve Jobs. Malgré des tentatives, peu subtiles, de tuer le père.

Source : Numerama

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