Uber peut-il finir, comme Take Eat Easy, par mettre la clé sous la porte, incapable de faire face à aux dépenses qu’il s’oblige à réaliser pour écraser la concurrence sur un marché où la « prime au plus gros » est décisive ? Le scénario est pour le moment loin d’être envisagé ou même évoqué, malgré des chiffres qui donnent le tournis.
L’agence Blooomberg rapporte en effet qu’Uber a perdu au moins 1,2 milliards de dollars sur le seul premier semestre 2016, ce qui fait de l’entreprise le recordman des pertes chez les startups. Même Amazon, habitué des déficits, n’avait jamais fait autant.
Les déficits d’Uber se sont élevés à 520 millions de dollars avant impôts au premier trimestre, et 750 millions de dollars au second, dont 100 millions de dollars aux États-Unis, où l’entreprise pensait devenir rentable cette année. À ce rythme, la startup pourrait dépasser cette année les 2 milliards de pertes enregistrés en 2015.
Sur l’autre colonne du bilan comptable, Uber voit son chiffre d’affaires progresser plus timidement, de 960 millions de dollars à 1,1 milliard de dollars (+ 18 %). L’entreprise fait entrer plus de 5 milliards de dollars dans ses caisses au second trimestre, mais la majeure partie est reversée aux chauffeurs, qui restent indispensables tant que les premiers taxis robots d’Uber ne seront pas sur les routes.
Dans le rouge ? Pas vraiment
Néanmoins la situation financière d’Uber est très difficile à évaluer et ne semble pas lever d’inquiétudes majeures. Avec ses investisseurs, Uber se place dans une vision stratégique de long terme, où la perte massive de capital fait partie intégrante du business plan. L’idée est d’investir autant qu’il faut le plus vite possible, dans un maximum de pays du monde, pour s’imposer en numéro un du transport individuel à la demande.
Or dans cette course, Uber avait accepté de perdre au moins deux milliards de dollars en Chine, avant d’abandonner le combat et de signer plutôt un partenariat avec son concurrent local Didi Chuxing. L’Américain se retire, mais obtient en échange un milliard de dollars à investir ailleurs, et 17,5 % des parts de Didi. L’impact de cet accord sur les finances à moyen terme de Uber reste à mesurer.
Par ailleurs, selon des sources de Bloomberg, Uber disposerait encore de 8 milliards de dollars en banque, ainsi qu’une ligne de crédits de 2 milliards de dollars, et 1,2 milliards de prêt. L’entreprise de Travis Kalanick a donc encore au minimum quatre ou cinq années d’exercice devant elles, sur les mêmes bases déficitaires, avant d’arriver à bout de ses réserves.
Depuis ses débuts il y a sept ans, Uber a déjà perdu 4 milliards de dollars. Il a dans le même temps levé 16 milliards de dollars, notamment auprès de Google, Goldman Sachs ou Benchmark Capital.
Jusqu’où peut-il aller ?
Le plus difficile pour Uber reste cependant à faire. Il faudra qu’il parvienne à l’équilibre, et à dégager suffisamment de marge pour justifier les milliards de dollars dépensés pour viabiliser l’entreprise. Or la concurrence progresse de tous les côtés. Apple a préféré investir dans son concurrent chinois, tandis que Tesla a des projets beaucoup plus ambitieux, comme d’autres constructeurs, qui permettraient d’ici quelques années aux propriétaires de voitures de louer leur véhicule autonome quand il ne sert pas. Uber est loin d’être le seul à imaginer un réseau de taxis robots dans les métropoles, et ils sont déjà en train de devenir réalité à Singapour.
Aux États-Unis, Uber bataille aussi contre son concurrent Lyft, qui revendique 20 % de parts de marché dans les grandes villes américaines. Or l’un des moyens pour Uber d’écraser la concurrence sera de réduire la commission qu’il prend sur les courses, et donc de fragiliser sa rentabilité.
Parviendra-t-il à gagner son pari à long terme ? Bien malin qui peut le dire.
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