La révélation du fait que Yahoo espionnait ses utilisateurs pour le compte des services de renseignement américains n’a pas entamé la confiance des investisseurs, qui continuent à parier sur un rachat à bon prix par Verizon.

Que vaut la protection de la vie privée et des données personnelles des utilisateurs, aux yeux des investisseurs ? Visiblement pas grand chose, ce qui en dit probablement moins sur le cynisme des actionnaires que sur leur pragmatisme, à estimer qu’aux propres yeux des consommateurs, ça ne vaut pas grand chose.

En l’espace de quelques semaines, Yahoo a subi deux coups importants pour son image de marque et la confiance que peuvent lui accorder les utilisateurs.

l’action de Yahoo cotée au Nasdaq gagne + 0,51 % dans les échanges avant ouverture de la bourse

Le 22 septembre dernier, Yahoo reconnaissait le piratage des identifiants de 500 millions de comptes, qui s’était produit deux ans plus tôt. Deux ans pendant lesquels Yahoo n’a rien remarqué, ce qui serait signe d’incompétence, ou pendant lesquels il n’a rien dit, ce qui serait signe de négligence et de malhonnêteté — c’est en juillet que des bases de données issues d’un précédent piratage ont commencé à circuler, ce qui a pu conduire Yahoo à livrer une enquête approfondie révélant d’autres piratages plus graves encore.

Deux semaines plus tard, Yahoo est contraint d’admettre qu’il a installé un logiciel qui espionne les mails de ses utilisateurs pour le compte des services de renseignement américains. La firme ne s’est pas battue pour contrer l’ordonnance reçue aux États-Unis, et a même jugé inutile d’informer ses équipes en charge de la sécurité, qui ont été tenues à l’écart (le tout en traînant des pieds pour déployer le chiffrement de bout en bout promis depuis 2014). Certains ont démissionné en apprenant la nouvelle, et en voyant qu’en plus le bout de code ajouté dans leur dos était tellement mal écrit qu’il ajoutait une brèche.

Avec tout cela, quelle est la réaction des marchés ? Inexistante. Ce mercredi au moment où nous publions ces lignes, l’action de Yahoo cotée au Nasdaq gagne + 0,51 % dans les échanges avant ouverture de la bourse, qui permettent de sentir la tendance de la journée.

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La révélation en juillet du piratage des serveurs de Yahoo, et la confirmation par Yahoo en septembre dernier (pire encore qu’attendue), n’avait pas non plus entamé la remontée spectaculaire de l’action, qui est passée de moins de 27 dollars l’action en février 2016 à plus de 43 dollars aujourd’hui.

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Très loin des petites anecdotes sur les problèmes que peut avoir Yahoo avec la protection des données personnelles de ses clients, l’action de Yahoo est portée principalement par le projet de rachat de Yahoo par Verizon, qui devait se conclure autour de 4,8 milliards.

La bourse reste parfaitement optimiste sur les chances de succès de cette acquisition, même si l’accord signé avec Yahoo stipule que « à la connaissance du vendeur, il n’y a pas eu d’incidents ou de réclamations de tiers alléguant, (i) atteintes à la sécurité : l’accès non autorisé ou utilisation non autorisée d’un des systèmes de technologie de l’information de l’une des filiales du vendeur ou (ii) la perte, le vol , l’accès non autorisé ou l’acquisition, la modification, la divulgation, la corruption ou toute autre utilisation abusive des données personnelles en possession du vendeur ou de l’une de ses filiales, ou d’autres données confidentielles détenues par le vendeur ou ses filiales (ou fournies au vendeur ou ses filiales par leur clients) en possession du vendeur ou de ses filiales, chaque cas (i) et (ii) pourrait raisonnablement avoir un effet défavorable important sur les affaires ».

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