Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tel est le message, en le résumant à grands traits, qu’a voulu faire passer Yahoo en présentant ses résultats financiers pour le troisième trimestre de 2016. Malgré les très sérieuses mésaventures — et c’est un euphémisme — que le groupe a rencontrés au cours des dernières semaines, l’ancienne gloire de la tech américaine a réussi à redresser la barre.
Après un deuxième trimestre compliqué où le groupe a enregistré une perte, le portail web est parvenu à dégager sur les trois mois suivants un bénéfice net de près de 230 millions d’euros. De quoi rassurer un tantinet les investisseurs qui croient encore à l’avenir de la société ainsi que son repreneur potentiel, l’opérateur américain Verizon, qui n’a pas beaucoup apprécié les récents incidents.
Et pour cause. Les révélations survenues cet automne ont placé Yahoo dans une bien fâcheuse posture. Il y a d’abord eu l’aveu de l’entreprise à propos d’un vaste piratage qui a affecté un demi-milliard de comptes fin 2014. Il y a eu ensuite la découverte que la société a collaboré (et collabore toujours) avec la NSA et le FBI dans le cadre d’un programme de surveillance visant les courriers de ses utilisateurs.
Au regard des circonstances, les internautes n’avaient que des bonnes raisons pour supprimer leur compte ou, à tout le moins, de renoncer à employer certains services de la compagnie, comme par exemple la messagerie Yahoo Mail. Mais il apparaît, pour l’instant en tout cas, que l’exode qui aurait pu se produire n’a finalement pas eu lieu. C’est ce que clame en filigrane Yahoo en publiant une série de graphiques.
Montrant le nombre de pages vues sur ses sites, le volume des recherches, le volume des échanges de courrier électroniques et le nombre de pages vues sur ses principaux espaces (page d’accueil, actualités, sports, finance et styles de vie), les graphiques montrent une situation globalement stable. Aucune chute manifeste du trafic ou de l’usage de Yahoo Mail.
Bien entendu, il faudra confirmer cette tendance dans le temps. À court terme, c’est une bonne nouvelle pour Yahoo, qui veut aussi montrer à Verizon que cela vaut toujours le coup de l’acheter à un bon prix. Au début du mois, il avait déjà été constaté que les investisseurs n’avaient pas retiré leur confiance à Yahoo malgré les révélations sur le piratage et l’espionnage : l’action du groupe était repartie à la hausse.
Les internautes ne migrent pas
L’absence de migration vive et massive des membres de Yahoo montre qu’il est finalement très contraignant de quitter un service qui vous accompagne depuis des années et auquel vous êtes devenu familier. Changer de messagerie demande, par exemple, un gros travail en amont : il faut à la fois prévenir ses contacts, transférer son ancienne correspondance, modifier les infos figurant sur les sites auxquels vous êtes inscrit…
On l’avait perçu quand l’affaire Prism a éclaté en 2013 au moment des révélations faites par Edward Snowden sur l’espionnage électronique des États-Unis. Même si les documents confidentiels mentionnaient très clairement l’implication de compagnies comme Google, Apple, Facebook ou Microsoft, aucune d’entre elles n’a subi de véritable exode. Quelques pratiques ont changé à la marge, mais c’est tout.
Il n’y a pas de raison pour qu’il en soit autrement pour Yahoo
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