Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter de l’épée de Damoclès technologique qui surplombe le destin des chauffeurs Uber qui se sont récemment professionnalisés grâce à l’application. La plupart d’entre eux considèrent l’activité comme un revenu essentiel à leur vie et certains se projettent dans ce qu’ils considèrent être désormais une carrière à part entière. Néanmoins, les tests s’accélérant et la société étant déterminée à déployer des voitures autonomes sur son parc automobile d’ici à 2020, la menace robotique sur l’emploi des VTC s’approche, aux États-Unis comme en France.
Sur le continent américain, certainement parce que les test des Pittsburgh sont assez proches pour concrétiser les angoisses, les médias et même le Président Obama ont pris position sur la question de la robotisation. La voiture autonome est le meilleure exemple de cette transition à venir vers une robotique qui n’a plus besoin des humains, considérés comme force de travail. En France, le sujet paraît bien plus lointain et n’effleure malheureusement que très marginalement la classe politique.
Mais si les préoccupations sont légitimes concernant l’avenir des emplois, il s’agit également de voir comment la robotisation peut vraiment avoir un impact sur le marché du travail. Ainsi, le CEO d’Uber ne voit pas les voitures autonomes remplacer ses flottes de chauffeurs. Pour le moment au moins.
Il explique à Business Insider : « Si vous prenez une ville comme San Francisco, nous avons quelque chose comme 30 000 chauffeurs actifs. Or nous allons passer de 30 000, à disons hypothétiquement, un million de véhicules Uber. Mais lorsque vous avez un million de véhicules, vous avez toujours besoin, à côté des taxis autonomes, des chauffeurs qui conduisent des voitures. Et cela parce qu’il y a encore beaucoup d’endroits dans lesquels les voitures autonomes ne peuvent pas aller. Et même si cela sera un plus petit pourcentage de l’ensemble, je peux imaginer avoir entre 50 000 à 100 000 chauffeurs à côté d’un réseau d’un million de véhicules autonomes. Donc je ne pense pas que le nombre de chauffeurs se réduira dans un avenir proche. »
Il est vrai que les voitures autonomes, même dans des zones urbaines, pourront rencontrer des impasses. Qu’il s’agisse de rues trop étroites ou de virages impossibles. Sans parler des règles routières qui leur interdiront certains accès, comme c’est déjà le cas avec les ponts à Pittsburgh.
Et en réalité, si des modifications profondes seront mesurables à court et long terme sur le marché du travail, ni la position prétendant que le travail disparaîtra, ni la position inverse n’a vraiment de sens aujourd’hui. La technologie et son développement continueront d’avoir un lien intime et relativement imprévisible avec le travail des humains.
Et la raison poussera chacun à considérer le problème en tant que question sociale de premier ordre. Devra-t-on prévenir chacun, à l’embauche, que la carrière qu’il souhaite emprunter est susceptible d’être robotisée ? Et de fait, formons-nous aujourd’hui dans les écoles françaises des travailleurs qui vont vers des métiers qui n’existeront plus ?
La robotisation semble être trop imprévisible pour qu’on puisse condamner des métiers par de simples suppositions — si l’on considère par exemple la manière dont les distributeurs de billets n’ont pas détruit d’emploi — néanmoins informer chacun semble essentiel. Pour commencer, l’État pourrait y penser pour son ubuesque questionnaire destiné aux futurs chauffeurs de VTC.
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