Premier réseau social au monde avec plus de 800 millions de membres revendiqués, Facebook est incontestablement l’un des sites web les plus fréquentés et les plus populaires sur Internet. Le site communautaire, né aux États-Unis, n’est pas uniquement apprécié par les compatriotes de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. Il rencontre également un succès important à l’étranger. 75 % des utilisateurs vivent d’ailleurs en dehors des États-Unis.
L’importance qu’a pris Facebook au cours de ces sept dernières années n’a bien évidemment pas attiré uniquement l’attention des internautes désireux de retrouver leurs amis. Elle a également poussé les services de renseignement de nombreux pays à s’interroger sur l’exploitation potentielle des données qui y transitent. C’est notamment le cas de la CIA, en témoigne un reportage effectué par l’Associated Press.
Prendre le pouls de l’opinion mondiale
Nous y apprenons que la plus célèbre des agences de renseignement des États-Unis a ouvert un centre en Virginie afin de suivre l’activité globale sur les réseaux sociaux, les sites communautaires, les forums de discussion et les salons de messagerie instantanée. Tout ce qui est libre d’accès. D’où son nom. Baptisé Open Source Center, le service doit en quelque sorte prendre le pouls de l’opinion mondiale sur le web.
Les moyens engagés pour effectuer ce suivi ne sont pas détaillés, mais l’Associated Press indique que la CIA est capable de suivre pas moins de 5 millions de messages sur Twitter par jour. À ce chiffre s’ajoute la surveillance des réseaux sociaux – en premier lieu Facebook – mais aussi de façon plus générale la presse écrite, les médias télévisés ou encore les stations de radio.
Une veille en ligne en réponse au 11 septembre
La création de l’Open Source Center vise à corriger l’aveuglement des agences de renseignement américaines, très critiquées pour ne pas avoir pu anticiper les attentats du 11 septembre 2001. La création de ce centre était d’ailleurs une recommandation de la commission sur le 11 septembre. Celle-ci voulait améliorer la lutte anti-terroriste en développant des stratégies de contre-information.
Depuis l’élection présidentielle en Iran, qui a eu lieu en 2009, la CIA a mis l’accent sur les contenus en ligne. En effet, des accusations de fraude ont conduit de nombreux Iraniens à protester très vivement contre le régime du président Mahmoud Ahmadinejad et du guide suprême Ali Khamenei. Nombre de manifestants ont ainsi utilisé Twitter pour se coordonner et accentuer la pression sur le pouvoir en place.
Le printemps arabe anticipé par l’Open Source Center
Plusieurs centaines d’analystes, capables de parler dans différentes langues, participent à ce travail quotidien. Les pulsations en provenance de nombreuses régions du monde sont ainsi analysées. Cela va du printemps arabe, qui a permis à la Tunisie, à l’Égypte et à la Libye d’éjecter des despotes, à l’assaut des SEAL contre la planque d’Oussama Ben Laden au Pakistan. Des synthèses sont ensuite communiquées pratiquement chaque jour au président américain Barack Obama.
Selon les responsables de l’Open Source Center, le travail effectué par les nombreux analystes a permis de prédire les changements politiques en Égypte. La seule chose qu’ils n’ont pas pu mesurer avec précision était la date où la révolution allait conduire ce pays à un nouveau départ. Mais ils ont pu affirmer que le rôle des médias et des réseaux sociaux allait être essentiel pour alimenter le printemps arabe.
Les réseaux sociaux, un enjeu pour les États-Unis
Les réseaux sociaux sont devenus avec le temps un enjeu de pouvoir pour les États-Unis. Hormis la veille constante de la CIA sur ces espaces, plusieurs autres projets ont été rapportés par la presse. Ainsi, l’armée américaine est suspectée de plancher sur un système permettant de générer et contrôler des faux profils sur Internet pour influencer l’opinion d’une population donnée.
La réforme du Homeland Security Advisory System, l’équivalent américain du Plan Vigipirate, prévoit pour sa part la participation occasionnelle de Facebook et Twitter dans la chaîne d’alerte en cas d’attaque terroriste signalée par le gouvernement américain. Les réseaux sociaux étant massivement utilisés outre-Atlantique, une alerte diffusée via ces canaux toucherait très rapidement un maximum de personnes.
En somme, les informations de l’Associated Press ne sont pas véritablement surprenantes. Le contraire aurait été en revanche très surprenant. Croire que les services de renseignement ne s’intéressent pas de près aux réseaux sociaux est très naïf. Toute la question est de savoir jusqu’à quel niveau ils s’y intéressent.
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