La banque de demain n’est pas qu’une affaire de finance : la banque change et ses métiers doivent évoluer.

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Ana, 56 ans, active ses lunettes connectées en un clignement d’oeil. Après scan de sa rétine, elle peut accéder à ses messages. Son conseiller financier la prévient d’une opération à ne pas manquer : elle la valide grâce à la plateforme de management en ligne de sa banque. Nouveau message : qu’a-t-elle prévu pour financer les études de son fils de 13 ans ?

Lors du déjeuner, son regard se pose sur un hologramme, qui lui transmet des offres promotionnelles. Sa banque l’oriente en temps réel sur des produits qui correspondent à ses moyens financiers. Elle paye en utilisant un prêt en peer-to-peer. Ce scénario a été imaginé par le cabinet d’audit PWC dans son étude « Retail Banking 2020 : Evolution or revolution ».

Et s’il n’était pas si éloigné que ça de la réalité ? Nous avons identifié trois innovations majeures du secteur bancaire pour les prochaines années.

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Des paiements toujours plus sécurisés ?

Le nombre de paiements effectués en ligne explose et leur sécurisation doit s’adapter. Pour cela, les acteurs des nouvelles technologies bancaires investissent le terrain. Mastercard, Alibaba et Google misent ainsi sur la biométrie avec une authentification par reconnaissance faciale. Finis les SMS, place au selfie vidéo. L’utilisateur se filme lors du paiement avec son smartphone et doit cligner des yeux pour assurer qu’il ne s’agit pas d’une photo placée devant l’objectif. Basée sur le machine-learning, cette technologie, dont les premiers brevets datent de 2013, était jusque-là utilisée dans les domaines de la sécurité militaire.

Vers un cryptogramme dynamique ?

D’autres explorent la reconnaissance vocale ou l’empreinte digitale. La Banque postale a par exemple obtenu l’autorisation de la Cnil pour lancer son service « Talk to pay ». Après avoir enregistré plusieurs phrases pour créer un modèle vocal, l’utilisateur reçoit ensuite un appel pour s’authentifier lors d’un paiement en ligne. Il ne reste plus qu’à valider.

Apple et Android ne restent pas sur le carreau avec chacun leur application de paiement : Apple Pay et Android Pay. Disponible en France depuis le 19 juillet 2016, le service de paiement sans contact d’Apple fonctionne avec tous les types de cartes. Mais il faut, évidemment, posséder un iPhone avec puce NFC intégrée (Near Field Communication – Communication dans un champ proche).

Les iPad Pro, Air 2, mini 3 et 4 feront aussi l’affaire grâce à leur capteur Touch ID. On peut aussi jumeler son Apple Watch à son iPhone… Le numéro de carte bancaire inscrit dans le Wallet sert à générer un numéro de compte unique, chiffré et stocké dans l’ « élément sécurisé ». Pour chaque transaction, à l’aide de ce dernier, un numéro unique de carte est généré, afin d’assurer la confidentialité de l’achat et sa sécurité. Il suffit ensuite d’approcher son téléphone du terminal sans contact et de valider en appuyant sur le capteur Touch ID qui reconnaît l’empreinte digitale. Pour la Watch, petite subtilité : il faut appuyer deux fois sur le bouton latéral.

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Android Pay repose sur le même principe d’utilisation, avec des téléphones en version 4.4 KitKat (ou plus) et une puce NFC. Un porte-monnaie numérique dans son smartphone qui n’empêche certes pas les vols mais qui réduite très fortement les risques d’usurpation. Ce service garde en effet les informations bancaires du client en privé, en envoyant un code de sécurité unique.

Il existe aussi de nouvelles solutions qui conservent la carte bancaire, mais avec une carte améliorée d’un « cryptogramme dynamique ». Développée par Oberthur Technologies, l’idée est de remplacer le code à 3 chiffres derrière son actuelle carte par un mini écran. Le code est modifié régulièrement et automatiquement, ce qui a pour but de diminuer sensiblement les fraudes à la carte bancaire. Plusieurs banques françaises ont lancé les tests dont la Société Générale depuis le 1er janvier 2016.

L’intelligence artificielle pour régler les relations clients

Que ce soit pour la prise de rendez-vous ou la modification des coordonnées bancaires, l’intelligence artificielle fait déjà partie de notre quotidien : c’est elle qui répond automatiquement à nos mails que nous envoyons à nos conseillers. Enfin, presque. L’outil d’IBM, appelé Watson, a pour objectif de traiter le langage naturel et de s’adapter en fonction des réactions de l’utilisateur. Un email est alors généré, au conseiller de le valider et l’envoyer.

Cet agent conversationnel, ou chatbot, peut aussi dialoguer avec un utilisateur sur des sujets très spécialisés grâce à un réseau de neurones artificiels de plus en plus poussé. Afin d’améliorer les services, l’utilisation sera bientôt encore plus personnalisée. Par exemple, certains imaginent déjà une reconnaissance vocale lors d’un appel pour le transmettre à votre conseiller préféré.

Tout cela s’inscrit dans une volonté de satisfaire le désir d’autonomie du client tout en rationalisant l’accompagnement. Mais surtout, l’enjeu est bien sûr l’optimisation de l’analyse des données collectées pour un meilleur profilage : connaître son client pour mieux anticiper ses besoins.

En agence, doit-on aussi s’attendre à être accueilli par des robots-banquiers ?

La banque japonaise Mizuho est en tout cas en avance avec le déploiement d’humanoïdes Pepper de l’ex-Français Aldebaran Robotics. Pour le moment, ils se contentent de proposer des conseils simples ou des jeux pour les enfants, mais pourraient très prochainement devenir plus « intelligents » grâce à la technologie d’IBM.

Blockchain

Et si, plutôt, on envisageait la « fin des banques » ? La question avait été posée après l’arrivée du Bitcoin, né juste après la crise économique de 2008. D’autres devises virtuelles existent mais c’est la blockchain du Bitcoin qui semble la plus populaire. Une blockchain est une technologie de stockage et de transmission de données, transparente qui fonctionne sans organe central de contrôle. C’est elle qui rend possible les transactions avec le Bitcoin. Comme le précise le site blockchainfrance.net, « une blockchain publique peut donc être assimilée à un grand livre comptable public, anonyme et infalsifiable ».

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Crédits : Blockchain France

Les banques ne restent pas en retrait et tentent de s’approprier cette technologie en développant des blockchains privées ou semi-privées – qu’on appelle parfois Distributed Ledger Technologies (DLTs). L’enjeu est de taille pour les transactions : réduire les intermédiaires et donc les coûts de fonctionnement. Le fait que les règles internes de ce système ne peuvent pas être modifiées intéresse aussi le secteur bancaire : finis (a priori) les problèmes de piratage.

UBS, Clearmatics, Deutsche Bank, BNY Mellon et Santander se sont rassemblées pour lancer leur « monnaie numérique  », l’Utility Settlement Coin (USC). Avec un lancement prévu en 2018, il ne leur reste plus qu’à obtenir l’approbation des banques centrales.

La banque évolue et doit s’adapter à toutes ces transformations numériques. Pour cela, elle opère aussi des changements dans ses propres services en y ajoutant de la recherche et du développement. Il n’est plus rare de voir des groupes gérer leur propre laboratoire et devenir leader de l’innovation, aux côtés de ceux de l’industrie des nouvelles technologies. La Société Générale, par exemple, consacre une partie de son recrutement exclusivement aux ingénieurs et informaticiens pour progresser en interne et se munir de ses propres experts IT.

La Société Générale consacre une partie de son recrutement aux ingénieurs et informaticiens

Dans l’étude intitulée « Building the bank of 2030 and Beyond », le cabinet d’audit EY prévoit ainsi que : « D’ici 2030, les relations entre les clients et leurs banques seront considérablement différentes d’aujourd’hui car la technologie procure davantage de possibilités pour les développer et les approfondir. » Une banque qui « semblera en contenir des centaines différentes » avec une offre ultra personnalisée pour chaque client.

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