Nicolas Sarkozy se fait plus actif sur Internet. Alors que l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle est imminente, le chef de l’État renforce sa stratégie en ligne. Après une page Facebook retravaillée de fond en comble, c’est désormais un compte Twitter qui a été ouvert ce matin.

C’est donc ce mercredi soir, sur TF1 lors du journal de 20 heures, que Nicolas Sarkozy devrait officialiser sa candidature à l’élection présidentielle. Le président sortant, qui a fait durer le non-suspense le plus tard possible, pourra ainsi se confronter plus directement à ses rivaux, François Hollande en tête. Et pour cela, la machine de guerre de l’UMP a commencé à se mettre en branle, notamment sur les réseaux sociaux.

Nicolas Sarkozy est sur Twitter…

À quelques heures de l’officialisation de sa candidature, Nicolas Sarkozy a rejoint Twitter. Disposant d’un « profil certifié » qui permet de garantir qu’il ne s’agit pas là d’un faux compte, il a pour l’heure publié deux messages. Le profil n’est abonné qu’à un seul compte, celui de l’Élysée, et est suivi par plus de 17 000 personnes à l’heure où nous écrivons ces lignes, dont une part semble être de faux comptes.

Tout comme Barack Obama signe ses messages personnels sur Twitter avec la mention « -BO », Nicolas Sarkozy fait de même avec « -NS ». Évidemment, il est très probable que le président de la République, que l’on imagine très occupé, laisse la gestion courante de son compte à son équipe de campagne, mais donnant l’illusion d’un échange sans intermédiaires, direct et pratiquement d’égal à égal.

L’arrivée de Nicolas Sarkozy sur Twitter constitue un revirement dans la stratégie de campagne du président sortant. À l’automne 2011, l’Élysée avait affirmé que le chef de l’État « n’aura pas de compte personnel sur le réseau social de micro-blogging Twitter« . Rappelons au passage que l’Élysée dispose aussi de son propre compte certifié et suivi par plus de 81 000 personnes.

… mais également sur Facebook

Le président de la République pourra également s’appuyer sur Facebook pour diffuser ses idées et promesses de campagne, tout en taclant à loisir les propositions de ses adversaires. À ce sujet, le profil de Nicolas Sarkozy sur le célèbre réseau social américain a subi récemment un important lifting. Le résultat est techniquement réussi, livrant aux membres de Facebook une biographie revue et corrigée.

En effet, le long journal ne s’attarde que sur les aspects positifs de la vie de Nicolas Sarkozy. Ses mauvais choix lors de l’élection présidentielle de 1995, ses déboires sentimentaux, ses choix politiques contestables et contestés ou encore ses gaffes lors de sorties publiques (Casse-toi pauvre con) ne figurent évidemment pas dans le portrait lissé préparé par ses équipes.

Là encore, Nicolas Sarkozy pourra s’appuyer ses différentes pages et leurs milliers de fans pour développer sa communication et toucher un maximum de personnes. On compte en effet plus de 15 000 abonnés à la page du chef de l’État, tandis que près de 530 000 personnes aiment la page fan du président. La page de l’Élysée est quant à elle suivie par près de 17 000 individus.

Facebook a-t-il favorisé Nicolas Sarkozy ?

Alors qu’il est actif depuis le 10 février, le nouveau profil Facebook de Nicolas Sarkozy s’est inévitablement retrouvé au c?ur d’une controverse. Le journaliste Frédéric Martel a publié un long sujet, également développé aujourd’hui dans Le Canard Enchaîné, dans lequel il s’interroge sur les relations privilégiées entre le réseau social américain et l’équipe autour de Nicolas Sarkozy. Cette coopération aurait démarré dès le mois de septembre 2011, suscitant la colère du PS.

Le journaliste de l’Express a collecté de nombreux indices et témoignages qui l’incident à dire que « Facebook a bien travaillé délibérément pour Sarkozy« . D’autres candidats ont certes été contactés, comme François Hollande, mais sans atteindre le niveau du partenariat tissé entre l’Élysée et le site communautaire. Si Facebook ne souhaitait pas être impliqué dans des bagarres politiques à la veille de l’élection, c’est raté.

Du côté de la présidence de la République, on assure qu’aucun traitement de faveur n’a été accordé. Les nouveaux outils du site ont été utilisés dès leur mise à disposition. « Ce n’est pas de notre faute si tout le monde n’a pas réagi aussi vite » a glissé un conseiller, à l’attention des équipes de François Hollande. Une chose est sûre, le conseiller numérique de Nicolas Sarkozy, Nicolas Princen, a bien fait son travail en amont.

Nicolas Sarkozy est actif sur Facebook

Ce n’est pas la première fois que Nicolas Sarkozy est pris pour cible par ses rivaux pour les avantages qu’il retire de sa fonction de président de la République afin d’obtenir un avantage sur Facebook. En fin d’année 2011, le Parti socialiste a demandé, en se basant sur le code électoral, que le site web de l’Élysée cesse de mettre systématiquement en avant la page personnelle de Nicolas Sarkozy sur Facebook.

Plus globalement, la fréquence de publication sur le site communautaire a connu une nette progression ces derniers mois. Cette activité, rythmée par les déplacements de Nicolas Sarkozy, n’est pas sans arrière-pensée. Elle pousse en effet de nouveaux membres à s’abonner à la page pour suivre l’actualité du chef de l’État. Une manne que ce dernier espère transformer en arme politique.

Pour Arnaud Leparmentier, journaliste au Monde, « Nicolas Sarkozy a besoin d’amis » pour lancer la campagne. « Il a besoin d’amis pour se réconcilier avec la Toile, qui lui coûta si cher à ses débuts« , analyse-t-il, en expliquant que « ses conseillers comptent utiliser la force de frappe de ses 500 000 amis et du fichier des 300 000 sympathisants-militants de l’UMP qui a été nettoyé« .

Nicolas Sarkozy cherche à séduire le net

Nonobstant sa présence et ses publications sur les réseaux sociaux, Nicolas Sarkozy s’est efforcé tout au long de l’année 2011 de se réconcilier – autant que faire se peut – avec les acteurs du numérique et, plus généralement, avec les internautes au sens large. S’il reste intransigeant sur la question du piratage sur Internet, le chef de l’État a toutefois pris diverses mesures pour convaincre.

Il y a eu la naissance du Conseil national du numérique au printemps puis la tenue d’un sommet international sur Internet, en marge du G8, peu avant l’été (qui était toutefois une manière de tuer la conférence sur la liberté d’expression sur Internet, en remettant le seul commerce au centre des discussions). De son côté, l’UMP a diffusé un document regroupant 45 propositions pour une « révolution numérique ». Une évolution qui a été applaudie par Benjamin Lancar, président des Jeunes Pop et secrétaire national à la nouvelle économie.

Le président a également mis en place des Journées du numérique, une opération qui doit normalement se renouveler chaque année. Le président de la République a aussi participé à l’inauguration du nouveau siège parisien de Google, en président du directeur exécutif Eric Schmidt. Mais tous ces efforts déployés suffiront-ils à relancer un président particulièrement bas dans les sondages ?

Un simple coup de pinceau à une page Facebook et une inscription sur Twitter semblent bien dérisoires face au rejet de plus en plus prononcé de nombreux Français à l’égard de Nicolas Sarkozy. Il aura en tout cas du mal à faire oublier aux internautes les plus militants ce qu’ont été les lois Hadopi ou Loppsi sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Il aura aussi du mal à faire oublier tous les discours prononcés par le président sur la nécessité de « civiliser Internet », comme si les internautes qu’il rejoint aujourd’hui par impératif électoral n’étaient encore que des sauvages à ramener vers la civilisation.

( photo : Insitaction )

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