En France, 22 millions d’internautes recourent au streaming pour écouter de la musique, soit plus d’un tiers de la population française. On dénombre aussi dans l’Hexagone 4 millions d’abonnés à des catalogues illimités (payants). À l’échelle du monde, les chiffres français restent modestes, mais elles prouvent que même dans nos contrées, la crise du disque qui fut particulièrement violente commence à devenir un lointain souvenir grâce à l’adoption de nouveaux modes de consommation.
Après deux décennies de difficultés, l’industrie musicale semble retrouver sa santé. Et la croissance pourrait même se profiler en France. D’où vient ce regain de confiance dans une domaine que l’on pensait condamné ? Du streaming évidemment.
La revanche de la tech sur les majors
Le mode de consommation auquel les majors n’ont quasiment jamais cru est en train de les sauver alors que leurs autres sources de revenus continuent de diminuer. On sait que les grands groupes n’ont jamais été tendres avec Spotify et surtout YouTube, car s’ils se montrent aujourd’hui en mesure d’assurer à l’industrie un avenir, ils restent largement moins rentables que les disques et les vinyles d’hier. Mais l’adoption massive du streaming commence à montrer que le modèle pourrait être bien plus solide que ce que les majors pouvaient penser.
À l’échelle mondiale, en 2010, on dénombrait 8 millions d abonnés à un service de streaming. Cinq ans après, ils sont plus de 68 millions selon l’IFPI (International Federation of Phonographic Industry). Une explosion qui annonce la rentabilité imminente des plateformes de streaming. Un petit miracle pour des sociétés jusque-là très endettées, qu’il s’agisse de Spotify ou de Tidal.
Chez Warner Music France, on espère voir arriver dans les caisses plus de 150 millions d’euros grâce au streaming en 2016, soit une croissance du revenu de plus de 40 % par rapport à l’année passée. Chez Sony Music, on estime qu’à l’échelle du monde, le streaming rapportera quasiment un milliard de dollars en 2016.
Les professionnels sont plus confiants que jamais, comme en témoigne le départ de Paul Smernicki de la tête du département numérique d’Universal Record, pour monter son propre label.
Pour lui, la décennie à venir sera celle d’un retour à la musique et à son industrie : « Vous n’avez plus besoin d’être un grand passionné de musique pour que le streaming vous paraisse un bon investissement. Les gens qui pensaient précédemment ne pas être vraiment amateurs de musique, ou n’aimaient pas suffisamment les artistes pour acheter leurs albums, sont désormais en train de découvrir qu’ils sont plus intéressés par la musique qu’ils ne le pensaient. Je pense que le streaming a permis une prise de conscience sur le rôle de la musique et la place qu’elle peut prendre dans une vie. »
De Drake à PNL, la génération streaming
Le streaming, malgré les pronostics des majors, semble finalement bel et bien être la vraie réponse au piratage. Après avoir passé parfois plus d’une décennie à télécharger de la musique illégalement, nombreux sont les jeunes qui succombent au streaming. En pratique, les services proposées par les géants comme Spotify ou Apple ne sont finalement qu’une extension du mode de consommation amorcé par le téléchargement. Et cette génération streaming écoute de plus en plus de musique, d’où un retour de la croissance dans le secteur.
Cette génération streaming s’illustre aujourd’hui par une écoute écrasante des genres urbains sur les plateformes. En France, Jul, PNL ou encore Booba qui caracolent en tête des charts montrent que c’est bien au jeune public que les plateformes plaisent le plus.
Apple a bien saisi cette tendance et investit une grande part de son budget dans le hip hop, le genre le plus rentable quand il est question de s’adresser à la clientèle du streaming. À l’échelle mondiale, les rappeurs français laissent place aux rappeurs nord-américains comme Drake, Kanye West ou les géantes du r’n’b Beyoncé et Rihanna.
Pour les labels, cet emballement pour la musique urbaine est la traduction d’un business encore jeune et largement préféré par les plus jeunes générations. Mais d’ici à 2020, les experts prévoient une sorte de rééquilibrage des genres présents dans les charts de ces plateformes. En somme, quand les parents des abonnés prendront également leur abonnement, le streaming deviendra alors le roi de la musique.
Enfin, drôle de paradoxe, l’essor du streaming renforce l’ensemble de l’industrie musicale alors qu’il propose un service entièrement dématérialisé. L’époque des MP3 de basse définition que l’on écoutait dans des écouteurs Apple bas de gamme laisse progressivement place à une approche plus exigeante, comme en témoignent les beaux résultats des marques de Hi-Fi qui ont su parier sur la mobilité des usages.
Les enceintes Bluetooth se vendent comme des petits pains, l’équipement domestique redevient également une mode durable et même le vinyle continue sa percée anachronique. La musique est donc bien de retour !
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