En 2015, c’était avec un certain sens de l’omission que Lei Jun, le patron de Xiaomi, expliquait que sa société avait vendu en un an plus de 70 millions de smartphones. Car si à l’époque la société s’en félicitait évidemment, c’était aussi pour faire oublier que ses prévisions pour l’année avaient été fixées à 80 millions d’unités, un objectif public qui avait déjà été revu à la baisse quelques mois plus tôt. Auparavant, les estimations du groupe avaient été évaluées à 100 millions.
Certes, ce n’était pas une débâcle à la hauteur de celle que traverse LeEco ou Faraday Future mais ces corrections successives ont montré que la startup est victime d’un affaiblissement général du marché chinois et d’un appétit dépassant ses capacités économiques.
Tourner une page
Aujourd’hui, Lei Jun semble avoir tourné la page des déclarations conquérantes qui accompagnaient les premières années de Xiaomi. Il faut dire que si la marque était si expansive sur sa réussite, c’est parce qu’il y avait un réel décollage : en 2012, la startup vendait à peine 7,2 millions de smartphones ; en 2014, ce chiffre avait plus que quadruplé, s’établissant à 61 millions d’unités cette année-là. Mais depuis, l’entreprise semble se heurter à un plafond de verre qu’elle ne parvient à casser qu’en s’ouvrant à des nouveaux marchés à l’international.
Ainsi, en 2016, le marché qui a sauvé la firme d’une humiliation — après avoir été rétrogradée en Chine en tant que meilleur vendeur — est celui de l’Inde. Si la firme a retrouvé un peu de croissance, ça n’a pas été grâce à ses ventes chinoises de l’année. Xiaomi a par ailleurs prévu de ne pas les révéler alors que de nombreuses rumeurs laissent entendre que la startup traverse de réelles difficultés. Le groupe préfère mettre en lumière son succès indien et sa capacité d’innovation, devenue indiscutable depuis le Mi Mix.
Le ton a donc changé et le marché force Xiaomi à gagner en maturité plus brutalement que Lei Jun et ses associés ne l’auraient voulu. Eux qui depuis 2012 vivaient un vrai miracle schenzenhien ont dû faire preuve de pragmatisme. C’est tout l’objet de la lettre de Lei Jun à ses employés publiée sur Facebook par la marque. Le patron admet donc que « durant les premières années, nous avons voulu aller trop loin, trop vite. Nous avons produit un miracle et avons également esquissé quelques plans à long terme… Désormais, nous devons ralentir pour nous améliorer sur certains secteurs et nous assurer d’une croissance solide pour un futur lointain ».
Le contenu de la lettre ne cache en rien que la startup souhaite rester cet exemple de réussite chinoise observée par le monde entier. Mais pour la première fois, le réalisme fait son entrée dans le langage de Xiaomi. Face à un marché local en berne et concurrentiel, il était temps que la compagnie se concentre à l’élaboration d’un nouveau modèle de développement, plus pragmatique mais surtout plus pérenne.
le réalisme fait son entrée dans le langage de Xiaomi
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