C’est la réponse des économistes aux économistes. Alors que plusieurs dizaines d’entre eux avaient publié à la mi-avril dans Le Monde une tribune qui expliquait pourquoi « nous soutenons Hollande« , d’autres économistes leur ont répondu dans le même journal ce mercredi. « Economistes, sans parti pris idéologique, nous soutenons Sarkozy« , titre la contre-tribune.
Quasi exclusivement issus d’universités ou de grande écoles, les économistes favorables à Nicolas Sarkozy citent plusieurs réformes qui constituent selon eux le bilan positif de l’action du chef de l’Etat. Et ils terminent par « la loi Hadopi contre le téléchargement illégal, imparfaite mais préférable au statu quo« .
Pourquoi est-elle préférable ? On ne le saura pas.
Il est pourtant intéressant de noter qu’actuellement, aucun véritable effet économique attribuable à l’Hadopi s’est fait ressentir. Quand bien même le piratage aurait baissé, comme l’affirmait l’Hadopi dans une étude contestée, pour le moment aucun indicateur ne montre que les ventes de musique ou de vidéos en ligne auraient augmenté plus vite en France qu’ailleurs.
Même la fermeture de MegaUpload, qui n’est pas due à l’Hadopi mais qui préfigure ce qu’elle souhaite faire pour étendre son action, n’a semble-t-il eu aucun impact économique sur la consommation légale de vidéos.
Quant au rapport réalisé pour l’Hadopi censé démontrer les millions d’euros brassés par le piratage en France, il ne résiste pas à une analyse sérieuse.
Pour le moment, le million de mails envoyé par l’Hadopi aux internautes français sert surtout à conforter les acteurs de la musique en ligne, et surtout du cinéma, qui ne veulent rien changer à leur manière d’aborder les consommateurs. Nous le voyions encore avec la dernière publicité pour CanalSat, qui joue sur la peur de l’Hadopi pour vendre aux amateurs de séries TV un abonnement à 420 euros par an, probablement inaccessible pour beaucoup des internautes avertis.
Or quel économiste digne de ce nom ne sait pas que le pire pour une industrie n’est pas la concurrence, fut-elle gratuite et illicite, mais l’immobilisme ?
Rappelons que des personnalités comme Joseph Stiglitz, Paul Krugman ou Elinor Ostrom se sont prononcées pour une remise en question de la défense des droits d’auteur à l’encontre du public. Certes, ils ne s’agissait pas d’éminents économistes issus des universités françaises, mais simplement d’obscurs Prix Nobel de l’économie…
(illustration : CC TaxBrakets.org)
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