Quel est le point commun entre James Holmes, Mohammed Merah et Anders Breivik ? Ce sont tous des tueurs en série qui n'avaient pas de compte Facebook. Un hasard ? Sans doute. Mais il semble que cette particularité, relevée par la presse allemande, pourrait à terme devenir un impératif social. Car en effet, être absent de Facebook serait le signe, pour certains psychologues et employeurs, d'une potentielle dangerosité.
Selon eux, les personnes n'ayant pas de compte Facebook sont suspectes car, dès lors, cela signifie qu'elles ont quelque chose à cacher ou que leur compte a été supprimé pour avoir eu un comportement inapproprié en violation avec les conditions d'utilisation du site. Des entreprises seraient ainsi devenues moins disposées à engager des individus absents du réseau américain.
Holmes, Merah, Breivik
James Holmes, qui s'est illustré aux États-Unis dans la fusillade d'Aurora où 12 personnes ont perdu la vie et 59 autres ont été blessées pendant une séance du film du dernier Batman, était en effet "invisible" sur Internet. Il n'était pas inscrit sur Facebook ni sur aucun autre site de réseautage social classique sauf celui très particulier d'AdultFinder. Un cas plutôt rare pour un Américain âgé de 24 ans et scolarisé.
Ce point a d'ailleurs interpellé une chercheuse en médecine et santé publique. "C'est certainement inhabituel" pour un jeune homme de ne pas être sur les réseaux sociaux. "Les données suggèrent que 95 à 98 % des gens de l'âge de Holmes sont sur les médias sociaux". Ne pas être visible en ligne peut apparaître pour certains comme le signe d'une exclusion sociale.
De son côté, Mohammed Merah, qui a tué 7 personnes et blessé 6 autres à Toulouse et Montauban, n'était pas particulièrement actif en ligne. S'il se connectait effectivement à Internet, le suivi de son adresse IP montre qu'il n'était pas non plus présent sur les sites communautaires (Facebook, Twitter, Copains d'avant…). Il était néanmoins présent sur YouTube, dans le but de publier des vidéos.
Quant à Anders Breivik, qui est poursuivi pour les attentats de 2011 en Norvège qui ont coûté la vie à 77 personnes et blessé 151 autres, il était présent sur MySpace mais pas sur Facebook. Or, le premier est sur le déclin depuis que le second a pris son envol. Là encore, les psychologues y voient le signe d'un déficit relationnel, puisque ces individus n'ont pas cherché à déplacer leurs liens d'amitié sur Internet.
Autrement dit, ces trois personnes n'auraient pas eu beaucoup d'amis au cours de leur vie, ce qui les aurait dissuadés d'aller sur Facebook, craignant de projeter une image négative d'eux-mêmes. C'est du moins le raisonnement des psychologues et des entrepreneurs cités par le quotidien allemand.
Des signes de dépression relevés dans une étude
Une étude portant sur la santé mentale des jeunes gens alimente cette thèse. D'après la recherche menée par l'université de Lausanne, en Suisse, le temps passé sur Internet aurait un lien avec la dépression chez les jeunes, dans une courbe en forme de U. Les adolescents qui montrent le plus de signes de dépression seraient à la fois ceux qui sont le plus souvent actifs sur Internet, et ceux qui au contraire n'y sont jamais.
L'inquiétude des psychologues et employeurs signalée dans le Tagesspiegel paraît exagérée, pour ne pas dire plus. Facebook est peut-être très populaire, mais il n'est pas l'alpha et l'oméga du réseautage social sur Internet. Des liens étaient tissés bien avant le projet de Mark Zuckerberg et seront tissés lorsque Facebook ne sera plus. Tout ne passe pas par ce site, et heureusement.
De nombreux sites communautaires existent par ailleurs, et certains sont très appréciés. C'est le cas en Allemagne, en Russie, au Japon ou en Chine. Dans ces pays, des réseaux sociaux ont su émerger et être populaire bien avant Facebook. Et cela ne fait pas de ces internautes des personnes en déficit relationnel. Leur réseau se trouve tout simplement ailleurs.
Et puis on peut très bien avoir une vie sociale active sans être sur Internet du tout, même si ça semble de plus en plus rare.
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