Le serpent de mer de la contribution à l’audiovisuel public étendue à tous les écrans s’invite dans la campagne présidentielle, et plus particulièrement dans le programme de Benoît Hamon. Invité jeudi 2 mars par l’Union des entreprises de conseil et achat média, le candidat du Parti socialiste a en effet glissé au détour de la conversation son souhait de réviser la redevance TV, rapporte BFM TV.
Jugeant crucial de « maintenir le niveau de financement » de l’audiovisuel public, le vainqueur de la primaire de la Belle Alliance Populaire considère qu’il va falloir « sans doute élargir l’assiette de la redevance, par exemple aux résidences secondaires et à tous les supports par lesquels on consomme la télévision ». En creux, sont ciblés les ordinateurs, les tablettes, les smartphones et tout autre dispositif du même acabit.
Hamon compte maintenir le niveau de financement de l’audiovisuel public
Du point de vue de Benoît Hamon, l’élargissement de l’assiette aux autres écrans est d’autant plus requise que son programme propose justement de retirer totalement la publicité de France Télévisions. Or, elle constitue une part importante du financement des chaînes de télévision publiques. En 2015, elles ont permis de contribuer aux recettes à hauteur de 321 millions d’euros.
L’ambition du programme a toutefois été tempérée par le candidat lui-même. « J’aimerais que le service public soit totalement libéré de la contrainte publicitaire. Ce serait l’idéal, c’est l’objectif. Mais j’hésite encore. Ce serait difficile à mettre en oeuvre tout de suite ». S’il est élu, on peut donc au minimum s’attendre à un retrait progressif de la publicité couplé à une extension par étapes de la redevance TV aux autres écrans.
Reste à savoir si cela aura effectivement lieu dans un gouvernement présidé par Benoît Hamon car depuis dix ans, tous les ministres de la culture, de droite (Christine Albanel et Frédéric Mitterrand) comme de gauche (Aurélie Filippetti, Fleur Pellerin et Audrey Azoulay) n’ont fait qu’effleurer cette idée, souvent au début de leurs prises de fonction à la rue de Valois, sans jamais la mettre en oeuvre.
Les responsables des médias publics, eux par contre, n’attendent que ça. Que ce soit Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, son prédécesseur Rémy Pflimlin ou bien Mathieu Gallet, le patron de Radio France, tous plaident pour des « médias publics forts » dotés d’un « financement pérenne ». De facto, une contribution étendue à tous les écrans serait en quelque sorte une contribution étendue à tous les foyers.
Un élargissement souvent évoqué, jamais acté
Désormais au crépuscule de son mandat, François Hollande a fini par enterrer le débat sur la redevance TV. « Je n’y suis pas favorable », avait-t-il prévenu lors d’une conférence de presse en septembre. « Il peut y avoir d’autres pistes, et c’est à partir de la nécessité de financer le service public sans augmenter la redevance de façon déraisonnée que nous prendrons les décisions ».
En l’occurrence, le gouvernement s’est contenté d’augmenter régulièrement son montant annuel, sans la rendre obligatoire à tous les foyers (seuls ceux ayant un téléviseur doivent s’en acquitter) ni l’étendre aux autres écrans qui donnent accès aux productions du service public sur Internet. Pour 2017, la contribution à l’audiovisuel s’élève à 139 euros en métropole et 89 euros en outre-mer.
Reste une question : au regard du nombre de foyers français possédant au moins un téléviseur qui est déjà très élevé (98,3 %, selon une statistique livrée par le syndicat national de la publicité télévisée pour 2013), faut-il s’attendre un financement pérenne du service public si on fait payer les quelques pourcents qui n’ont pas de téléviseur ? Il est permis de douter, surtout s’il est question de supprimer la publicité dans le même temps.
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