Fin 2015, le conseil de la ville de Seattle aux États-Unis approuvait une loi aux retombées importantes pour tous les travailleurs indépendants dans le domaine des transports : la possibilité pour tous les chauffeurs payés à la tâche, comme ceux d’Uber ou Lyft, de se syndiquer.
Une législation bien accueillie par les chauffeurs. Un peu moins bien par Uber, plus réputé pour veiller à la rentabilité de son service qu’au bien-être de ses sous-traitants.
En réaction à cette législation localisée à Seattle, le pionnier de l’ubérisation a décidé de réagir pour dissuader ses chauffeurs de se constituer en syndicat. Uber oblige à présent tous les travailleurs qui proposent leurs services sur sa plateforme à écouter un podcast au sujet du droit de vote, de la négociation collective ainsi que les audiences du conseil municipal de la ville, rapporte The Next Web.
Pas de podcast, pas de travail
Ainsi, les conducteurs n’auraient d’autre choix que d’écouter ces enregistrements avant de pouvoir accepter de prendre la moindre course sur la plateforme d’Uber. Et ce, tous les jours. Par ailleurs, les chauffeurs travaillant à Seattle recevraient régulièrement des messages et des invitations à des réunions qui pourraient potentiellement les convaincre de renoncer à s’unir en syndicat.
En décembre, The Stranger indiquait que des annonces vidéo était déjà diffusées auprès des chauffeurs. Les vidéos en question insistaient sur la perte de souplesse au travail que pourrait entraîner, selon Uber, l’organisation en syndicat des chauffeurs.
Engagé dans une bataille juridique contre Seattle
En plus d’obliger les chauffeurs à répéter le même manège tous les jours en écoutant ses podcasts, Uber s’est embarqué sur le terrain juridique, en s’opposant dès janvier 2017 à l’ordonnance de la ville de Seattle autorisant la syndicalisation des conducteurs. Pour l’instant, l’audience est toujours en cours.
Alors qu’Uber peine déjà à se racheter une morale en allongeant des millions de dollars sur la table, la situation des chauffeurs à Seattle ne contribue pas à redorer le blason de l’entreprise. Récemment, le PDG de la société, Travis Kalanick, avait déclenché une polémique en perdant tout sang-froid face à un chauffeur dans une vidéo filmée à son insu. Après de plates excuses, il avait reconnu avoir besoin d’un numéro deux pour diriger Uber.
À en juger par la situation à Seattle, le candidat au poste devra sans doute avoir une sacré poigne pour maintenir à flot le navire Uber, accusé de tous les maux.
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