Devenue directrice chez Orange très vite après son départ du ministère de la Culture et de la Communication, ce qui n'a pas été sans poser questions sur son indépendance, Christine Albanel ne s'inquiète pas pour le sort de l'Hadopi dont elle avait défendu la création. Elle estime que la Haute Autorité continuera à exister, et que ses évolutions se feront "dans l'esprit" de la loi Hadopi.

On le sait désormais avec quasi-certitude, la mission de Pierre Lescure sur "l'acte 2 de l'exception culturelle" ne sera pas le bourreau de l'Hadopi. Loin d'être gênée par une légère baisse de son budget annuel, la Haute Autorité de lutte contre le piratage a même annoncé à Bercy qu'elle prévoyait d'augmenter de 38 % le nombre des avertissements qu'elle enverra en 2013 aux internautes dont l'accès à internet est utilisé pour partager des oeuvres protégées par le droit d'auteur. Le changement n'est pas pour maintenant.

Ce qui n'est pas sans ravir l'ancienne ministre de la Culture Christine Albanel, qui avait porté le projet de loi Hadopi au Parlement, et qui n'a pas le sentiment que son héritage sera rapidement foulé des pieds. Dans une interview accordée à Edition Multimédi@ (à paraître ce vendredi), celle qui est désormais directive exécutive de France Télécom se dit "ravie" par l'initiative prise par François Hollande, de convoquer la mission Lescure.

"Evoquer un « Acte 2 » signifie que l’on se place dans la continuité de l’exception culturelle française qui s’attache, depuis des siècles, à défendre le droit des auteurs, et bien sûr je m’en réjouis", confie-t-elle.
 
"On voit bien qu’il ne s’agit pas de faire table rase. Je n’ai pas le sentiment que la mission Lescure veuille supprimer l’Hadopi, purement et simplement, mais plutôt adapter cette Autorité à l’évolution des usages d’Internet. Ce serait d'ailleurs dans l'esprit de la loi Hadopi, qui se proposait de fixer un cadre, nécessairement évolutif, et qui avait le double objectif de faire oeuvre pédagogique sur le droit d’auteur, et de favoriser l’offre numérique légale".
 
L'ancienne ministre de la Culture se dit prête à être auditionnée par la mission Lescure, mais rappelle qu'Orange le sera de toute façon "en tant qu'opérateur de réseau et qu'acteur de l'offre légale.
 
Par ailleurs, Christine Albanel confirme la volonté d'Orange de faire payer les grands éditeurs de sites internet dont les services consomment le plus de bande passante. "Il est essentiel que les géants du Net apportent leur contribution au financement de la culture et de la création. D’ailleurs, cela vaut aussi pour le financement des réseaux, dont ils sont de grands utilisateurs", prévient-elle. "Je m’efforcerai, à l’intérieur d’Orange comme à l’extérieur, de défendre ces thèses".
 
Dans une communication interne que Numerama avait révélé, Orange s'était réjouie auprès de ses employés d'avoir emporté "une victoire contre le dogme absolu de la neutralité du net", après que l'Autorité de la concurrence l'a autorisé à facturer l'interconnexion en cas de déséquilibre des flux.
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