Mardi, lors du colloque NPA Conseil – Le Figaro, la directrice des relations institutionnelles de Google France Alexandra Laferrière a fait savoir que Google était "favorable à toute personne qui pourrait aider au dialogue entre nous et les éditeurs" de presse, acceptant la nomination d'un médiateur proposé par le gouvernement. Elle a par ailleurs confirmé que Google s'était placé dans une logique de négociation avec les éditeurs de presse, que des réunions avaient déjà eu lieu avec la presse traditionnelle et les "pure players" (nés avec Internet), et que les réunions se poursuivraient ces prochaines semaines. Ainsi, la perspective d'un accord entre amis se confirme, ce qui sera certes moins redoutable qu'une loi créant un droit supérieur au droit d'auteur, mais beaucoup plus opaque et discriminant dans son application.
Par ailleurs, Eric Schmidt a peut-être donné un indice de ce qui pourrait être négocié. Se voulant inflexible, le président de Google a indiqué au New York Times qu'il lui fallait "être très clair sur ce que l'on est prêt à faire et ce qu'on n'acceptera pas", en ajoutant que "nous ne voulons pas payer pour du contenu que nous n'hébergeons pas".
Cela veut-il dire, qu'a contrario, Google accepterait de payer s'il devenait lui-même hébergeur des articles qu'il référence sur Google News ?
Le précédent AFP
L'hypothèse n'a rien d'impossible, même si elle reste improbable. Car il y a un précédent. En 2005, l'Agence France Presse (AFP) avait assigné Google aux Etats-Unis et en France, en demandant 17,5 millions de dollars de dommages et intérêts, pour la mise en ligne de quelques phrases de dépêches et autres photos réduites sur le portail Google News. L'affaire s'était finalement résolue par la conclusion d'un accord de licence qui autorisait Google à héberger l'intégralité des articles sur son portail Google News. Pour lire les dépêches AFP, les internautes n'étaient plus nécessairement dirigés vers les sites de presse qui les relayaient, mais restaient dans l'univers Google News (c'est toujours le cas, comme par exemple avec cette dépêche sur les annonces gouvernementales du jour).
Reste que l'AFP a pour habitude – c'est même son métier – de vendre des licences autorisant la reproduction d'articles. Chez les éditeurs de presse, même s'il existe des accords du même genre avec des portails comme Yahoo News, le modèle économique n'est pas du tout le même. Accepter que Google achète la reproduction d'articles, c'est aussi accepter de voir son audience faiblir. Or sur les médias en ligne qui dépendent essentiellement des revenus publicitaires, l'audience est reine.
Il faudrait donc que les éditeurs déterminent le meilleur arbitrage entre ce que coûte une perte d'audience provenant de Google News et ce que rapporterait la vente d'articles pour le portail, et que Google fasse lui-même le calcul de ce que lui rapporterait l'hébergement des articles, et ce que lui coûterait l'éventuelle désindexation des sites de presse français en cas de désaccords.
L'équation paraît très difficile à résoudre ; mais si Google veut s'en tenir à sa position de principe, il nous semble que c'est là la seule issue possible.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !