Dure semaine pour Instagram. Acheté par Facebook en avril pour un montant record, le service de partage et de retouche de photos a procédé le 16 décembre dernier à la mise à jour de ses conditions générales d'utilisation (CGU). Le but ? Intégrer davantage Instagram à Facebook et faire sauter les dernières résistances afin de faciliter les échanges d'information entre les deux groupes.
Bien avant ce changement, une initiative avait percé cet été. Baptisée I-Am-CC, elle propose de placer ses photographies sous licence Creative Commons. Mais comme le pointe Calimaq, le projet est discuté : c'est une solution inventée de l'extérieur par un internaute, en exploitant l'API du service. Dès lors, la portée de l'initiative est contestée et même considérée comme insuffisante.
Partage des données
Bien sûr, Instagram a présenté cette révision des CGU sous son meilleur aspect. Selon la plate-forme, il s'agit de lutter plus efficacement contre le spam, détecter les défaillances plus rapidement ou apporter des fonctionnalités plus pertinentes aux usagers. Mais ce qui a été retenu, c'est le fait que Facebook va pouvoir exploiter vraiment les contenus et les données personnelles des utilisateurs d'Instagram.
Comme le fait remarquer Techcrunch, les changements permettent à Instagram de partager le contenu des utilisateurs et leurs informations avec toutes les entreprises qui font légalement partie du même groupe de sociétés auquel la plate-forme de photos appartient. Autrement dit, Instagram peut partager le contenu de l'utilisateur et ses informations avec Facebook.
Depuis le 16 décembre, plusieurs articles sont apparus pour guider l'utilisateur souhaitant récupérer ses contenus et clôturer son compte. Car en effet, impossible de s'opposer aux nouvelles règles d'Instagram. La seule manière de les éviter est de partir tout simplement du service, en apportant avec soi ses photos. Le site Instaport a ainsi été cité dans moult sujets, au point que le service connaît de forts ralentissements.
Instagram calme le jeu
Face à une polémique qui n'en finit plus de prendre de l'ampleur, Instagram a finalement réagi ce mardi en jurant qu'il n'est absolument pas question de vendre les clichés de ses usagers à des publicitaires. "Pour être clair : ce n'est pas dans nos intentions de vendre vos photos. Nous travaillons à une mise à jour des CGU pour clarifier ce point", écrit Kevin Systrom.
Il n'est donc pas question de commercialiser le contenu des utilisateurs, selon Kevin Systrom. Le tollé est né d'une confusion sur la formulation des conditions générales d'utilisation, poursuit le cofondateur de la plate-forme. "Nous n'avons aucun projet de cette nature et c'est pour cela que nous allons retirer les expressions qui ont soulevé cette inquiétude".
Selon Instagram, ces nouvelles CGU devaient offrir aux utilisateurs et aux marques un moyen de promouvoir leurs photos et leurs comptes, afin de gagner en visibilité et, par conséquent, récupérer de nouveaux abonnés. Il n'est pas question d'exploiter les clichés dans des publicités. "Les usagers conservent leurs données et Instagram ne réclame aucun droit sur [leurs] photos", explique Kevin Systrom.
Un psychodrame ?
Pour André Gunthert, maître de conférences à l’EHESS et enseignant-chercheur dans les culturelles visuelles et numériques, l'intervention en urgence de Kevin Systrom était inévitable et illustre un nouveau psychodrame autour des CGU, d'ordinaire ignorées. Le succès d'un réseau social et sa monétisation réussie dépendent "dans la foi en ce nouveau modèle d’une publicité douce, d’une publicité invisible".
Il est hautement improbable qu'Instagram aille à l'encontre de la volonté des utilisateurs, puisque le service est "dans la main des usagers et ne vaudra plus un kopek si ceux-ci désertent la plate-forme". D'où les efforts de Kevin Systrom, peu après l'explosion de la polémique, de restaurer la confiance et de promettre une clarification des CGU. Et la confiance se perd facilement.
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