Mise à jour : selon le journaliste Anthony Morel de BFM TV, Anne Lauvergeon aurait appelé Stéphane Richard pour démentir et assurer qu'elle ne "sait pas d'où ça vient". Bercy a également démenti.
Selon La Lettre de l'Expansion, le patron de France Télécom, Stéphane Richard, pourrait être évincé et recyclé à la tête de Veolia Environnement. Il serait remplacé par Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne du groupe nucléaire Areva.
Dans le monde des affaires et des entreprises stratégiques dans lesquelles l'Etat (qui possède 27 % de France Télécom) garde un certain contrôle, un tel jeu de chaises musicales n'aurait rien de surprenant. Mais en revanche, ce sont les raisons d'une telle éviction qui peuvent surprendre, et surtout choquer, si elles se confirment.
En effet, La Lettre de L'Expansion explique que l'Etat reprocherait à Stéphane Richard d'avoir signé un accord d'itinérance avec Free Mobile, qu'il a étendu au delà de ce qu'imposait le régulateur. L'Arcep imposait effectivement que Free puisse utiliser les réseaux 2G de ses concurrents le temps d'installer ses propres antennes, mais pas les réseaux 3G. Or en signant son accord d'itinérance, Orange l'a étendu à la 3G.
Il paraît peu probable que ce soit l'impact financier qui soit reproché au patron d'Orange, puisque l'opérateur gagne gros avec un tel accord. "En début d'année, j'ai acquis la conviction que Free parviendrait à nouer un accord d'itinérance. J'ai donc préféré que ce soit Orange, plutôt que Bouygues Télécom ou SFR, qui bénéficie du chiffre d'affaires additionnel, que nous estimons de l'ordre de un milliard d'euros sur six ans", expliquait Stéphane Richard en 2011. En réalité, c'est même 2 milliards d'euros que pourrait rapporter l'accord avec Free.
En signant l'accord d'itinérance avec Free, Orange s'est donc assuré de moins souffrir que les autres de l'arrivée d'une concurrence féroce.
Mais en ouvrant l'itinérance 3G, Orange a surtout permis à Free de casser le modèle économique des opérateurs télécoms français. Or le Gouvernement lui en tient en rigueur, puisqu'il croit (ou fait semblant de croire) aux discours de SFR ou Bouygues Télécom, qui assurent que Free casse l'emploi en France.
En novembre 2012, le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault a même saisi l'Autorité de la concurrence pour qu'elle dise si l'accord d'itinérance est légal. De façon incompréhensible au regard de la protection des consommateurs, le Gouvernement s'est aussi opposé à la remise en question du subventionnement des mobiles, que Free tente de rendre illicite (pour l'instant sans succès).
Stéphane Richard pourrait ainsi payer le fait de ne pas avoir voulu conforter une situation oligarchique sur le marché des télécoms, et d'avoir laissé entrer le loup dans la bergerie. Ou plutôt d'avoir laissé s'installer les romanichels sur le jardin du château, comme l'avait dit Martin Bouygues.
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