La position de SFR sur le recyclage des fréquences est connue. L'opérateur est hostile à leur réemploi dans le cadre du déploiement de la 4G. L'entreprise française a investi beaucoup d'argent lors de la mise aux enchères de l'Arcep pour obtenir des blocs de fréquences : 150 millions d'euros dans la bande des 2,6 GHz et plus d'un milliard d'euros dans la bande des 800 MHz.
SFR souhaite donc que cet investissement très lourd lui procure un avantage durable sur ses concurrents qui n'ont pas voulu ou pas pu mobiliser autant d'argent que lui pour la 4G. Or, Bouygues Télécom défend maintenant depuis plusieurs mois l'idée du réemploi des fréquences utilisées pour 2G, c'est-à-dire la bande 1,8 GHz, afin d'accélérer l'arrivée du très haut débit mobile.
Bouygues Télécom a en effet dépensé moins d'argent qu'Orange ou SFR et dispose d'un bon maillage du territoire avec ses antennes-relais en 2G. Si l'Arcep autorisait le recyclage des fréquences, Bouygues Télécom pourrait très vite se retrouver en situation de leader sur le marché de la 4G, alors même que l'opérateur a moins dépensé lors de la mise aux enchères des blocs de fréquences.
L'opérateur affirme même que cela contribuera à créer de nouveaux emplois. "Nous pourrions sans doute envisager 200 recrutements dans les centres d'appels de Bouygues Télécom, qui sont tous situés en France. Et probablement autant dans les centres d'appels français de nos prestataires", expliquait fin décembre le directeur général du groupe, Olivier Roussat.
Un avis que ne partage évidemment pas SFR, qui souhaite que la question du recyclage des fréquences soit repoussée à 2014. Et l'opérateur de brandir le risque pour l'emploi, en estimant que 5000 emplois pourraient être détruits si le souhait de Bouygues Télécom est exaucé. Au risque de se livrer au chantage à l'emploi, dans un secteur qui a déjà connu une année 2012 agitée.
"J’ai écrit avant Noël au président du régulateur et au Premier ministre. Si Bouygues Télécom obtient les fréquences en 1800 MHz en 2013 , alors cela entraînera la destruction de 5000 emplois dans l’écosystème SFR", explique Stéphane Roussel, PDG du groupe, interrogé par Les Échos. Si la décision est reportée d'une année, ce n'est plus "que" 3000 emplois qui seront supprimés selon le chef d'entreprise.
Au-delà des menaces brandies par SFR, Bouygues Télécom est assez isolé sur ce dossier. Orange, qui a aussi dépensé beaucoup d'argent lors de l'attribution des licences et des blocs de fréquences 4G, tient aussi à repousser cette question à 2014. Free Mobile propose même 2015, mais pour d'autres raisons.
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