Facebook a suspendu pendant 24 heures le compte du centre d'art parisien le Jeu de Paume, au motif qu'une photographie publiée la page consacré à la galerie révèle la poitrine nue d'une femme. Le compte a depuis été rétabli. La direction, qui craint une suspension définitive, laisse entendre qu'elle auto-censurera ses publications sur le site communautaire. Elle souhaite néanmoins que l'affaire pousse Facebook à assouplir ses règles.

Mise à jour : voir la réaction de Facebook France

C'est une situation qui n'est pas sans rappeler la mésaventure de cet internaute français, privé de son compte Facebook suite à la publication du célèbre tableau de Gustave Courbet, l'Origine du monde. Elle fait également écho à l'affaire du New Yorker, dont la page Facebook a été provisoirement suspendue suite à la mise en ligne d'une caricature présentant la poitrine nue d'Ève.

Cette fois, c'est le centre d'art du Jeu de Paume qui se retrouve dans la tourmente. La raison ? C'est la publication d'une photographie sur la page Facebook consacrée à la galerie parisienne qui a déclenché l'intervention du réseau social américain. Le cliché en question représente une femme couchée sur un lit, seins nus, dont le sexe est masqué par un drap.

Selon les explications fournies par Facebook, la photographie ne respecte pas les standards de la communauté Facebook. Ces derniers regroupent un ensemble de règles que les membres de Facebook doivent suivre. Elles définissent notamment les types d'expression autorisés et les types de contenus qui peuvent être signalés et retirés.

Puisqu'il est question d'une femme nue, c'est donc à la rubrique "nudité et pornographie" qu'il convient de consulter. Que disent les standards de la communauté Facebook ? Il est écrit que "Facebook interdit la publication de contenus pornographiques et de matériaux de nature sexuelle lorsqu’un mineur est impliqué. Nous imposons également des limites à l’affichage de certaines parties du corps".

Mais le réseau social ajoute juste après respecter "le droit de publier des contenus de nature personnelle, qu’il s’agisse de photos d’une sculpture telle que le David de Michel-Ange ou de photos avec un enfant au sein de sa mère". Or, le cliché en question a été pris par la photographe française Laure Albin Guillot, qui fait justement l'objet d'une rétrospective au Jeu de Paume.

Il ne s'agit donc pas d'une quelconque image mais d'une artiste "qui, de son vivant, fut certainement la plus exposée et reconnue, non seulement pour son talent et sa virtuosité mais aussi pour son engagement professionnel", explique le centre d'art, qui ajoute que la photographie a été "incontestablement l'une des plus en vogue dans l'entre-deux-guerres".

Ces éléments ont hélas échappé à Facebook. Le site communautaire a suspendu pendant 24 heures le compte du Jeu de Paume, fait savoir la galerie, qui révèle à cette occasion avoir déjà été avertie à plusieurs reprises pour avoir diffusé des nus de Willy Ronis et de Manuel Álvarez Bravo. Le prochain écart pouvant être fatal, la direction a décidé de se censurer sur le site communautaire.

"Au prochain avertissement de Facebook, notre compte risque d'être définitivement désactivé. Aussi nous ne publierons plus de nus, même si nous pensons que leur valeur artistique est grande et que ces photographies, en rien pornographiques, respectent 'le droit de publier des contenus de nature personnelle'", peut-on lire dans l'annonce du musée.

Dans une seconde publication, la galerie précise toutefois que ce fâcheux épisode doit être l'occasion d'une révision des règles du réseau social. "Cette polémique doit inciter les administrateurs de Facebook à reconsidérer leur position. Ne pas différencier une œuvre d'art d'une image à caractère pornographique est un amalgame douteux mais surtout dangereux".

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !