Depuis mars 2011, Orange et Free sont liés par un accord d'itinérance dans la téléphonie mobile. Entré en vigueur lorsque le quatrième opérateur a atteint un taux de couverture de la population de 25 % avec sa propre infrastructure, il permet au nouvel entrant de profiter des installations de son partenaire. Orange relaie ainsi les communications de Free dans les zones où il n'est pas encore présent directement.
Cet accord a toutefois une échéance. Dans quatre ans, Free devra avoir mis en place assez d'antennes-relais 3G pour atteindre seul 90 % de la population française. En outre, la licence accordée à l'opérateur lui impose de respecter certains seuils de couverture, vis-à-vis desquels il s'est engagé à les respecter. Ainsi, il lui faudra atteindre un taux de couverture de 75 % de la population dès l'année prochaine.
S'il reste encore du temps avant l'expiration du partenariat entre les deux opérateurs, Arnaud Montebourg juge qu'il faut dès maintenant prendre les devants. Lors des vœux de la Fédération française des télécoms, le ministre du redressement productif a souhaité que soit engagée dès cette année "la phase de sortie" de l'accord, pour que Free Mobile se prépare à voler de ses propres ailes.
Il ne s'agit pas de pousser le trublion des télécoms vers la sortie, a précisé Arnaud Montebourg. Toutefois, il convient "d'anticiper" le moment où les deux opérateurs entameront leur phase de séparation, qui impliquera d'en "négocier les modalités et le calendrier". Pas question, donc, de cesser prématurément l'accord d'itinérance.
Les propos d'Arnaud Montebourg surviennent dans un contexte de grande tension dans le secteur des télécoms. L'arrivée de Free Mobile a marqué durablement la concurrence, qui a vu une partie de sa clientèle partir chez le nouvel entrant. En outre, une guerre des prix a eu lieu dans la téléphonie mobile et de nouveaux conflits pourraient éclater ailleurs, notamment dans le haut débit.
Par ailleurs, les relations entre le ministre et Free Mobile se sont passablement dégradées, le premier estimant que la tactique du second est périlleuse, car elle risque de tuer un opérateur et, par conséquent, de revenir à une situation antérieure de celle de l'arrivée de Free Mobile.
Or, le gouvernement a en tête les investissements importants que doivent consentir les opérateurs dans le très haut débit fixe et mobile et qui pourraient pâtir de cette bataille des prix. Par ailleurs, l'exécutif pense aussi aux finances dégradées de l'État. Or, la mise aux enchères des fréquences 5G dans la bande des 700 MHz implique que les opérateurs aient assez d'argent pour les acheter à prix d'or.
La sortie d'Arnaud Montebourg lors des vœux de la Fédération française des télécoms est-elle une manière déguisée pour le ministre de rappeler à Free Mobile que si la guerre des prix est une chose, l'investissement dans les réseaux en est une autre ? En tout cas, l'ancien député de Saône-et-Loire a indiqué que cette rupture annoncée "est une issue logique au principe selon lequel les opérateurs doivent investir".
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