Imaginez la scène. D’un côté du ring, vous avez Amazon, qui fait son argent, encore et toujours, sur une seule et même action : vendre, vendre, vendre. Comme un personnage de Beckett, Amazon a une mission qui vire à l’obsession et qui lui fait inventer des choses qui participent à ce même but — devenir le Dieu Commerce. De l’autre, vous avez Google, qui a aussi un business model quasi exclusif : vendre de la publicité (et donc des données à des annonceurs). Comme Amazon, Google est passé maître dans l’art de la réclame.
L’un et l’autre se nourrissent autant qu’ils se combattent et tous les deux restent la plupart du temps sagement dans leur cœur de métier. Cela dit, depuis l’apparition d’Alexa côté Amazon et d’Assistant côté Google, la guerre est déclarée. En effet, avec les petites boîtes, les deux entreprises s’ouvrent la porte à toutes les activités impliquant de la recherche sur le web, de la publicité et de la vente directe. Et si Amazon n’a jamais caché ses ambitions, il manquait à Google une brique plutôt colossale pour entrer frontalement dans son concurrent : de la logistique, des magasins, des entrepôts… bref, un commerce au sens le plus strict et à l’échelle la plus grande.
Aujourd’hui, Google a trouvé comment ajouter cette corde à son arc : c’est le géant américain Walmart qui, le premier, a cédé aux appels de Google. Des « centaines de milliers de produits » pourront être achetés directement depuis un Google Home américain à Walmart. Google, comme souvent, joue le rôle d’intermédiaire entre le client final et l’entreprise. Certes, Google avait déjà des partenaires commerciaux sur ce terrain : l’autre géant Costco ou les pharmacies Walgreens. L’ajout de Walmart marque une montée en puissance très nette de Google sur ce terrain, dans la mesure où l’on parle de 3 500 magasins physiques et 20 millions de clients… par jour.
L’accord qui sera en place en septembre permettra donc à tous les Américains de commander des produits Walmart directement depuis leur salon, à la voix et d’être livrés dans les délais habituels — gratuitement si une limite basse est atteinte. À terme, ils seront capables de passer des commandes à retirer en magasin et d’acheter des produits frais. Cela vous rappelle quelque chose ? Oui, c’est exactement ce que propose Amazon avec Prime Now, qui entendait déjà faire concurrence aux chaînes de supermarchés urbains avec un service efficace et complet.
Et en France ? Google négocie les partenariats pour Assistant et Google Home au cas par cas. Les pays ne sont pas traités de la même manière — il est encore impossible de payer par Google Home en France — et les ajouts se font petit à petit. Cela dit, contrairement à Amazon, qui aurait du mal à trouver des arguments pour les convaincre, Google pourrait sans mal trouver des partenaires dans le monde entier pour reproduire le service proposé aux États-Unis. Et au jeu des géants de la grande distribution qui pourraient trouver en Google un partenaire de modernisation rapide, notre Carrefour national, 5e au rang mondial, pourrait avoir suffisamment de poids pour intéresser Mountain View.
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